C’est avec une pièce de théâtre au titre prometteur que je redonne vie à mon blog délaissé depuis trop longtemps …
La métaphore a de quoi intriguer et on soupçonne facilement une embrouille amoureuse quand débarquent des personnages au caractère bien trempé, un homme et une femme, un couple plus tout à fait au début de son histoire mais pas encore au moment où la routine s’installe. « Tout commence par un baiser » (c’est la première phrase de la pièce), se prolonge par un quiproco diabolique et se termine … A vous de le découvrir !
L’histoire
Diane Pommeray et Richard Darcy vivent le grand amour. Ils n’ont pas le même tempérament amoureux, pas les mêmes projets (Diane refuse obstinément le mariage), mais ces deux-là ne peuvent se passer l’un de l’autre. Ce tableau idyllique se trouve totalement bouleversé lorsque Diane, sur les conseils de Madame Pommeray, sa mère, se prend à jouer un jeu dangereux : alors qu’elle s’imagine que les sentiments de Richard à son égard sont moins forts, pour tester l’attachement de son amant, elle lui fait croire que ce sont justement ses sentiments à elle qui commencent à faiblir. La réaction de Richard n’étant pas celle qu’elle attendait, Diane use de son statut professionnel – elle est députée et défend le droit des femmes – pour planifier sa vengeance. Les événements vont alors s’enchaîner jusqu’au dénouement…
Mes impressions
L’idée était séduisante, la métaphore selon laquelle nos sentiments et notre subjectivité seraient comparables à la théorie de la dérive des continents avec son cortège de manifestations naturelles violentes est vraiment bien vue. L’auteur explique d’ailleurs ce rapprochement dans une « note sur la tectonique »après la pièce. Mais je trouve que cette « tectonique des sentiments » aurait été plus convaincante si le genre choisi avait été le roman : celui-ci aurait permis un approfondissement du caractère des personnages ou de la noirceur des situations sans que ne manque, à la lecture, le jeu de comédiens talentueux. Peut-être que certaines pièces se prêtent moins bien que d’autres à la lecture … Finalement, j’ai trouvé que l’intrigue était assez hésitante et mal ficelée, ce qui gênait la compréhension par moment. C’est dommage car l’idée de départ était vraiment excellente et le personnage de Diane d’une noirceur redoutable aurait fait un formidable personnage romanesque ! Enfin, malgré un article peu élogieux sur la forme, je vous conseille tout de même cette lecture pour le machiavélisme détonnant du personnage de Diane et la réflexion qui l’accompagne. Et bien sûr, pour l’humour décapant de Madame de Pommeray, délicieuse belle-mère et instigatrice involontaire de toute l’affaire !
Florilège
« On ne peut pas être amoureux et avoir confiance » (Diane, page 16)
« Les femmes ne peuvent comprendre que ce qu’il y a de féminin dans un homme et les hommes que ce qu’il y a de masculin dans une femme : autant dire qu’aucun sexe ne comprend l’opposé. En interprétant sa conduite, tu es certaine de te tromper. » (Madame Pommeray, page 16)
« Justement, aimer n’est pas connaître » (Madame Pommeray à Richard, page 69)
« J’aurais pu te le cacher mais ma volupté, ma délectation, c’est de te le dire. » (Diane à Richard, page 128)
« ça n’existe pas, les bons, les méchants, il n’y a que des actes mauvais ou des actes bons, et, entre eux, des humains qui s’agitent. » (Diane à Richard, page 163)
« Par orgueil, par précipitation, j’ai bousculé les plaques et provoqué une catastrophe. » (Diane à Richard, page 164)
Pièce créée à Paris, au Théâtre Marigny en janvier 2007 pour la version définitive. Mise en scène de l’auteur. L’actrice qui jouait Diane était Clémentine Célarié : j’adore cette actrice et je la vois parfaitement bien dans ce rôle …
Bonne lecture !