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Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!

Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit.

                                                                                   En attendant les billets sur mes lectures en cours, voici un article sur un magnifique roman de Yasmina Khadra, un auteur dont j’aime particulièrement l’écriture. Grâce à ses talents de conteur, je m’évade à chaque fois, portée par l’empreinte de sa culture. Je ne dois pas être la seule, car Ce que le jour doit à la nuit a obtenu le prix Roman 2008 et a été élu « Meilleur livre de l’année 2008 » par le magazine LIRE. L’Attentat, roman passionnant dont je vous parlerai une prochaine fois, a également été récompensé par le Prix des Libraires 2006. D’ailleurs, pratiquement  tous ses romans ont été primés, en France ou à l’étranger, c’est dire à quel point Yasmina Khadra est aujourd’hui un écrivain majeur.


L’histoire

        Younes a dix ans au début de ce roman, qui a pour cadre l’Algérie coloniale, entre 1936 et 1962. Il en a quatre-vingts lorsque l’ histoire s’achève, à Aix-en -Provence. Le narrateur raconte son enfance et les événements marquants de sa vie alors qu’il est devenu un vieillard. Enfant, il vit à Jenane Jato avec ses parents et sa petite sœur Zahra. Jenane Jato est un quartier  pauvre d’Oran. La famille ruinée s’y est installée après le désastreux incendie qui a ravagé leurs terres, déjà hypothéquées par le père. Cette première partie à Jenane Jato est vraiment savoureuse car on y découvre, à travers le regard d’un petit garçon de dix ans, la vie quotidienne dans les années 30. Les dialogues sont souvent teintés d’humour et les personnages sont pittoresques et bien campés (le barbier, Jambe-de-bois, El Moro, Ouari …). Cette partie nous permet de comprendre pourquoi le père consent au sacrifice suprême – dont il ne se remettra d’ailleurs pas – en acceptant de confier son fils à son frère, pharmacien dans la ville européenne et marié à Germaine, afin de lui assurer un avenir. Younes est rebaptisé Jonas et, grâce à ses yeux bleus et à son joli minois, il s’intègre parfaitement bien dans la communauté pied-noir. Il se lie d’amitié avec quatre garçons de son âge, tous colons et les jeunes gens, inséparables, grandissent dans l’insouciance jusqu’à ce qu’éclate la Seconde guerre mondiale, que naissent les idées nationalistes et qu’ils fassent la connaissance d’Emilie …


Mes impressions

       Voilà la trame de ce roman, mais tant d’événements se produisent, tant de liens se font et se défont que le livre se lit avec passion et se referme avec nostalgie. J’ai été d’autant plus touchée par le destin de ces personnages que je suis moi-même issue d’une famille pied-noir. Au cours de ma lecture, je cherchais au détour d’une description ou des événements évoqués, l’atmosphère des histoires  que ma grand-mère me racontait petite. J’ai également trouvé très juste l’évolution du regard du narrateur en fonction de son âge et de sa conscience politique car Younes, élevé entre deux communautés, est sans cesse rappelé à cette réalité lorsqu’il doit faire des choix…

       Sur le site de l’éditeur, on peut lire cette analyse très juste de ce qui fait l’intérêt majeur du roman : « la grande originalité de cette saga qui se déroule de 1930 à nos jours repose sur une courageuse défense de cette culture franco-algérienne que l’Histoire a, de part et d’autre, trop souvent cherché à renier. » (Julliard).


Florilège

       Il y aurait beaucoup à dire encore sur ce merveilleux roman, mais je ne voudrais pas trop dévoiler les ressorts de l’intrigue, alors voici quelques morceaux choisis pour vous mettre en appétit !

       Tout d’abord, Yasmina Khadra nous régale de belles phrases à méditer :

« La vie est un train qui ne s’arrête à aucune gare. Ou on le prend en marche ou on le regarde passer sur le quai, et il n’est pire tragédie qu’une gare fantôme. » (385)


« A quatre-vingts ans, notre avenir est derrière. Devant, il n’y a que le passé. »(403)


« Le malheur est un cul-de-sac. Il mène droit dans le mur. Si tu veux t’en sortir, rebrousse chemin à reculons. De cette façon, tu croiras que c’est lui qui s’éloigne pendant que tu lui fais face. » (282)


       Il apporte un éclairage fort sur cette période historique tourmentée :

« L’Algérie algérienne naissait au forceps dans une crue de larmes et de sang ; l’Algérie française rendait l’âme dans de torrentielles saignées. Et toutes les deux, laminées par sept ans de guerre et d’horreur, bien qu’au bout du rouleau, trouvaient encore la force de s’entredéchirer comme jamais. »(359)


       Tout ceci avec une écriture d'une infinie poésie :

« Quant aux hommes - ces drames itinérants – ils se diluaient carrément dans leurs ombres. » (28)


« Elle n’était pas de chair et de sang ; elle était une éclaboussure de soleil. » (218)


Bonne lecture !

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A
J'avais adoré L'attentat, les hirondelles de Kaboul m'attendent sur un coin de mon étagère... Et ton billet fait que ma LAL vient d'être rallongée d'une ligne ;)
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H
<br /> <br /> Je n'ai pas lu Les Hirondelles de Kaboul, mais j'aime tellement cet auteur que ça ne devrait pas tarder ! <br /> <br /> <br /> <br />
M
Je t'ai taguée! Jette un oeil sur mon blog =)
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H
<br /> <br /> J'en suis très flattée ! Je réponds ce soir ! <br /> <br /> <br /> <br />
P
J'attends donc avec impatience ton article sur L'attentat ;)
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H
<br /> <br /> Je vais essayer de m'y atteler vite alors !<br /> J'ai quelques articles en préparation pour la fin de semaine ... <br /> <br /> <br /> <br />
L
"L'attentat" m'attend depuis un ou deux ans dans ma PAL, et malgré tout ce que j'entends à propos de cet auteur, je ne l'ai pas encore ouvert. :/
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H
<br /> <br /> C'est mon préféré ! Lis-le vite Leiloona ! <br /> <br /> <br /> <br />
P
Je n'ai jamais lu cet auteur mais les extraits que tu cites donnent envie de la découvrir.
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H
<br /> <br /> L'écriture de Yasmina Khadra est toujours magnifique et il sait parfaitement bien faire circuler l'émotion comme susciter la réflexion... <br /> <br /> <br /> <br />