Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
La place du Capitole à Toulouse
On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve... Et c'était particulièrement vrai hier puisque nous avons improvisé en une heure, une sortie sur Toulouse (à 300 km de la maison, tout de même !) pour voir l'adaptation au théâtre, du roman La Chute de Camus. Le déplacement fut un moment très agréable, très joyeux ! Je n'en ferai pas le récit complet, mais on peut dire que la traversée de Toulouse au pas de course et l'arrivée sur les lieux furent rocambolesques ! Ce voyage est à marquer d'une pierre blanche pour le moment de complicité et de fous rire avec mes deux aînés.
Quelques mots sur Le Théâtre de poche ...
Alors, si vous avez l'occasion de réserver un spectacle dans cet endroit, surtout ne passez pas votre chemin quand vous arriverez sur les lieux... L'extérieur ne paye pas de mine : pas de grande enseigne lumineuse, ni d'affiche imposante annonçant l'événement. Non, juste un trépied en bois, sur lequel on a punaisé une minuscule affiche...
Il faut passer la première porte et là déjà, tout change : une dame très souriante nous accueille avec quelques mots aimables, ravie de voir que nous venons de si loin. "Vous ne serez pas déçus !", nous dit-elle. Effectivement, je ne le serai pas, mais la philosophie du texte et le jeu de l'acteur, Alain Daumer, qui campait à merveille le Jean-Baptiste Clamence de Camus, n'ont pas vraiment passionné mes enfants...
Le Théâtre de poche, c'est donc un lieu grand comme un mouchoir de poche : l'endroit compte 60 places assises dans un espace très convivial puisque même le bar est prévu pour servir le verre de l'amitié à la fin du spectacle.
Apparemment, de nombreuses expérimentations se tiennent dans ce théâtre, cher au coeur du comédien Alain Daumer et des organisateurs d'"Images en scène".
L'adaptation
C'était remarquable ! La performance d'Alain Daumer, avec sa voix rauque et ses allures de dandy, est époustouflante. Aucune erreur de diction, aucune hésitation dans la mémorisation de ce texte si compliqué à jouer à cause de sa dimension philosophique. Ce juge pénitent aurait sans doute fait le bonheur de Camus tant l'acteur fait passer d'idées dans son jeu toujours parfaitement juste.
Sur scène, une table ronde de bistrot sur laquelle sont posées une bouteille et une tasse, bien utiles pour qu'Alain Daumer puisse s'hydrater régulièrement (d'ailleurs, ce besoin de boire, l'acteur l'intègre tellement bien dans son jeu que le spectateur ne le distingue pas du besoin de s'alcooliser du personnage). Derrière la table, une simple chaise et un filet accroché au mur noir, figurant un bar de pêcheurs. Au mur, le portrait d'un homme et d'une femme noirs qui semblent se donner un baiser (c'est un passage important du roman qui est commenté dans la pièce). Quelques tableaux sont déposés çà et là.
Les jeux de lumière, peu nombreux, interviennent pour souligner une réflexion importante ou marquer l'évolution du personnage vers l'aveu de "sa culpabilité et de son impossible rédemption". Ce long monologue est bien la mise en scène (dans tous les sens du terme) d'une "confession publique", jusqu'au moment fatidique de l'aveu... L'intensité dramatique est alors à son comble... La confession, très théâtralisée, se fait dans une lumière bleutée, sur une gnossienne de Satie (je n'ai pas trouvé la bonne interprétation, mais c'est celle qui est à l'écoute).
C'est donc un spectacle exigeant car très littéraire et je pense que mes enfants sont restés "en marge" parce qu'ils n'avaient pas lu le roman et n'avaient pas une idée très précise de la philosophie camusienne. Et puis, la réflexion morale implicite apparaît surtout derrière les mimiques et le cynisme du personnage et il faut bien connaître le texte pour percevoir toutes les dimensions du jeu de l'acteur.
A mon avis, lire ou relire le roman est un préalable indispensable pour profiter pleinement de cette adaptation très fine et très fidèle au roman de Camus.
La presse en a parlé
Alain Daumer interpète La Chute de Camus
C’est évidemment la chute ; la chute d’un égo ! Le personnage se croyait réalisé, en haut, il croyait être arrivé et il se découvre bas, tel qu’il est vraiment !
Ce « dialogue à une voix » implicite, parsemé de formules percutantes et d’anecdotes piquantes, est la dernière œuvre de fiction achevée par Albert CAMUS.
Un an après il recevra le Prix Nobel de Littérature pour l’ensemble de son œuvre.
PRESSE :
Un voyage au centre du moi, une plongée étouffante dans l’égoïsme, une lucidité féroce, une volonté d’évasion pétrifiée, un surplace tragique et infernal !
PHİLAGORA
Source : Théâtre de poche - Toulouse
D'autres dates sont prévues en France et notamment au festival d'Avignon cet été.
N'hésitez pas à prendre contact avec Théâtre en poche en suivant le lien !