Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
J’ai découvert Hubert Nyssen grâce au rendez-vous mensuel proposé par Denis sur le blog Bonheur de lire pour rendre hommage au fondateur des éditions Actes sud et à cette belle maison d’édition. Et quelle découverte ! Encore un coup de cœur après Purge que j’ai présenté samedi ! Pourtant ce sont deux romans à l’univers et au ton tout à fait différents. Mais que d’émotion aussi en lisant le récit de Jean Mouratov !
Ce roman a tout d’abord été publié chez Gallimard, en 1995 sous le titre L’Italienne au rucher. Je l’ai lu dans la collection Babel.
L'histoire
Quelques temps après le décès de son père, Jean Mouratov trouve, au fond d’une ruche un peu spéciale qu’il a transformée en table de nuit, les carnets de son père recouverts de propolis. Chimiste passionné d’apiculture, celui-ci y a consigné, jour après jour, sa liaison extraconjugale avec la vive et rousse Aurélie. Nicolas Mouratov avait alors trente ans de plus que sa jeune maîtresse qui voulait apprendre l’apiculture et bien d’autres techniques… Alors que l’apiculteur était fou de son italienne au rucher, Aurélie, elle, a fini par se languir de sa liberté…
Mes impressions
Au début du roman, Jean Mouratov a lu les carnets de son père et s’entretient à leur sujet avec Colette Lemoine, aujourd’hui sa collègue, puisque tous deux enseignent la littérature anglaise à l’université. Jadis ils ont été amants, mais, hermétiques à la vie de couple, ils ont renoncé au mariage et ont conservé une grande complicité. Jean fait donc le récit de la passion de son père pour Aurélie tout en dialoguant avec Colette et derrière ses commentaires teintés d’un humour caustique parfois, surtout au début du roman, on sent bien l’émoi dans lequel il est plongé suite à sa découverte.
On devine chez lui une sensibilité à fleur de peau et une véritable remise en question identitaire : Jean se met à scruter sa personnalité à travers le nouvel éclairage de la liaison tumultueuse de son père avec sa jeune apprentie. A-t-il les gènes Mouratov en matière de sexualité débridée lui qui a toujours tout fait pour ressembler le moins possible à son père ?
Au début de sa conversation avec Colette, Jean est très critique voire choqué par le comportement de son père qu’il a découvert sous un autre jour dans ses carnets. Mais au fil des pages, grâce aux arguments de Colette, il commence à ressentir de l’empathie pour son père et tout le talent d’écrivain d’Hubert Nyssen éclate quand progressivement, dans le corps même du discours voire à l'intérieur d'une même phrase, s’entremêlent les voix narratives, la voix du père se mêlant à celle du fils, se fondant en elle comme si Jean comprenait petit à petit la psychologie de Nicolas, et finissait par l’intégrer, par la digérer au sens propre comme au figuré. L’écriture devient presque une allégorie de cette assimilation de l’identité du père et de son histoire tumultueuse et torride avec Aurélie.
Finalement, « d’outre-tombe, par le récit d’une passion qui illumina ses dernières années, le père assène au fils une leçon : le bonheur est toujours le bienvenu quels qu’en soient l’heure, la durée ou même le prix. » (Quatrième de couverture)
J’ai adoré ce roman et je vous le conseille vivement ! Je compte bien poursuivre ma découverte de l’œuvre d’Hubert Nyssen.
Bonne lecture !