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Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!

Kenneth Cook, A coups redoublés

KennethCook_Acoupsredoubles.jpg

 

Kenneth Cook est un écrivain australien, né en 1929 et mort en 1987. A coups redoublés vient d’être réédité en poche, après une première publication en 1974 et une publication aux Editions Autrement, en 2008. Le titre original est Bloodhouse. C’est en flânant chez mon libraire que je suis tombée sur ce court roman de 140 pages dont la quatrième de couverture m’a intriguée. Je vous en livre le contenu.


Quatrième de couverture


« Que s’est-il passé le samedi 17 juin au Calpe, l’hôtel-bar-discothèque où viennent s’amuser les jeunes Australiens ? Par quel enchaînement en est-on arrivé à ce « tableau d’ignominie, d’effroi et de confusion » décrit par le procureur ? Les frustrations de John Verdon, après une dure semaine de travail aux abattoirs, ont sans doute pesé lourd… Mais il n’est pas le seul à s’être laissé entraîner par ses pulsions vers l’issue fatale. »


Les événements se déroulent dans un hôtel australien typique où le client trouve, en plus des chambres, un ou des restaurants, des salles de bar dont le public bar et le lounge, deux espaces qui n’accueillent pas la même population. On y trouve également un magasin de vente d’alcool à emporter,  entre autres. Cet hôtel est donc un lieu immense, tenu par Mick et son épouse Jenny. Mick est un homme cupide et malhonnête, à la limite de la misanthropie : s’il voue un amour inconditionnel à son chat prénommé Mol - le matou va jouer un rôle non négligeable dans l'histoire -, il n’a que faire de tous ces jeunes qui s’alcoolisent, parfois jusqu’à la limite fatale ou se prostituent dans les chambres de son établissement… Il leur refuse tout secours, toute assistance et se contente de les mettre à la porte, si cela risque de lui attirer des ennuis.


L’ambiance de cet hôtel est vraiment glauque. Kenneth Cook s’attache aux faits et uniquement à eux. Les personnages sont campés brièvement pour accentuer l’absence de sentiments, leur assimilation à des « brutes épaisses ». L’ivresse les désinhibe et leurs actes sont perpétrés froidement. La narration, efficace, presque mécanique est à l’image de la brutalité des relations entre ces hommes,  jeunes pour la plupart, ces très jeunes filles, que l’alcool transforme en automates, presque en zombies. L’impression d’ensemble est vraiment très déstabilisante pour le lecteur et certaines scènes ultra-réalistes font froid dans le dos.


Je dois dire que je ne m’attendais pas du tout au dénouement. Les chapitres de narration sont entrecoupés de projection dans l’avenir, au moment du procès et des différentes plaidoiries.  Nous savons donc dés le début qu’une personne a été tuée, mais nous ne savons pas qui est la victime, encore moins qui est le coupable. Tout au long du roman, le lecteur pose des hypothèses, mais Kenneth Cook nous promène jusqu’à la toute dernière ligne !


Voici l’avis de Telerama (Quatrième de couverture) :


«  A coups redoublés est une incursion foudroyante dans un univers de violence, une fin du monde annoncée. Pas de pathos, de compassion, rien que des faits. L’auteur casse sa narration de courts chapitres d’audiences au tribunal : qui est mort ? Qui a tué ? »


C’est un roman atypique, qui n’est pas vraiment un polar puisque toute l’intrigue, mis à part les extraits de plaidoiries, se situe en amont du décès de la victime. De plus, aucun policier ne figure parmi les personnages.

La lecture d'A coups redoublés m’a remuée et je trouve qu’elle nous engage à une réflexion sur les  ravages de l’alcool, la violence qu’il génère et l'extrême vulnérabilité des jeunes gens face à cette addiction.


L’incipit 

 

Le procureur :

Mesdames et Messieurs les jurés : les témoignages que vous venez d'entendre ont brossé un tableau d'ignominie, d'effroi et de confusion. Les faits, présentés sous forme de vignettes lors de l'audition, constituent un moyen de preuve. Il vous appartient maintenant d'étudier ces vignettes, de rejeter celles qui vous paraissent erronées, et d'assembler les autres pour établir la vérité. Vous rendrez votre verdict en fonction du tableau que vous reconstituerez, en toute honnêteté et objectivité.

Mon devoir n'est pas de garantir une inculpation, mais de vous aider à prononcer un verdict juste. Cette tâche est rarement simple, et, dans le cas qui nous intéresse, particulièrement complexe. Nous devons cette complexité à la nature des faits, à l'incohérence des dépositions et même aux limites du droit pénal car il est manifeste que l'accusé n'avait aucune intention de tuer, ni même de blesser la victime. Mais, comme M. le juge vous le dira, tout cela est hors de propos. J'y reviendrai.

Permettez-moi pour l'instant de récapituler les éléments de l'enquête, à l'issue de quoi, à mon avis, vous ne pourrez qu'opter pour le verdict de culpabilité : je vais retracer les événements survenus le samedi dix-sept du mois de juin dernier à l'hôtel Calpe."

 

Bonne lecture !

 

Heide 

Cook-KennethKenneth COOK

(1929-1987)

 

 

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Y
<br /> Tu en parles très bien mais ce n'est pas le genre de lecture qu'il me faut en ce moment :)<br />
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H
<br /> <br /> Si tu as besoin de légèreté comme je peux le comprendre, alors tu as raison Yuko, ne lis pas ce roman pour le moment. Merci de ta visite et à bientôt ! <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Intriguant... Je note cet auteur, je pense qu'il faut le lire pour vraiment se faire un avis :D<br /> <br /> <br /> Bonne soirée Heide ;)<br />
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H
<br /> <br /> Oui, c'est un univers particulier, assez violent, avec des thèmes récurrents - l'alcool, la drogue - qui peuvent déplaire. Moi-même, je ne suis pas très attirée par ces sujets habituellement.<br /> Mais je crois que Kenneth Cook vaut le détour, au moins une fois. <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Bon, il faut aller y voir de plus près donc.<br />
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H
<br /> <br /> Oh que oui ! <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je n'ai pas eu de lire cet auteur et je passe peut-être à côté.<br />
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H
<br /> <br /> Je trouve qu'il est à découvrir et pour ma part, je compte lire prochainement Cinq matins de trop, paru en 1961, puis traduit en 2006 et paru aux éditions Autrement.<br /> <br /> <br /> En voici le synopsis (source Amazon) :<br /> <br /> <br /> "Jeune instituteur dans l’Outback, au coeur de l’Australie, John Grant doit passer la nuit à Bundanyabba avant de s’envoler pour Sydney. Il dépose ses valises à l’hôtel, va boire un verre et<br /> jouer dans l’un des nombreux pubs de cette petite ville torride et poussiéreuse, où tout le monde s’ennuie... Cinq matins de trop nous fait vivre le cauchemar éveillé d’un homme ordinaire, qui<br /> devient peu à peu accro à l’alcool, au jeu, au sexe, à la violence, jusqu’à l’autodestruction."<br /> <br /> <br /> Quelques critiques, toujours sur Amazon :<br /> <br /> <br /> D’une violence et d’une force peu communes, ce court roman ne se laisse pas oublier. S’y frotter, c’est s’y brûler. A. F., Lire.<br /> <br /> <br /> Cinq matins de trop vous feront passer un vrai, un super sale moment. Christophe Donner, Le Monde 2.<br /> <br /> <br /> Récit mi-amer, mi-émerveillé qui se savoure comme une bière, d’un trait, et sans modération. Astrid de Larminat, Le Figaro littéraire.<br /> <br /> <br /> Bon dimanche Anis ! <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> je n'ai pas lu cet auteur et ce livre est bien étrange en effet et je comprends qu'il est à lire<br />
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H
<br /> <br /> Je viens de le découvrir moi-même, par hasard et j'ai été très surprise de constater que ce roman datait des années 70. A découvrir en effet, d'autant que 140 pages, c'est très vite lu. Ce roman<br /> vaut la peine qu'on lui consacre deux heures. <br /> <br /> <br /> <br />