Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
"Il y a eu encore l'église et les villageois sur les trottoirs, les géraniums rouges sur les tombes du cimetière, l'évanouissement de Pérez (on eût dit un pantin disloqué), la terre couleur de sang qui roulait sur la bière de maman, la chair blanche des racines qui s'y mêlaient, encore du monde, des voix, le village, l'attente devant un café, l'incessant ronflement du moteur, et ma joie quand l'autobus est entré dans le nid de lumière d'Alger et que j'ai pensé que j'allais me coucher et dormir pendant douze heures."
Cette longue phrase qui débute page 30 et s'achève page 31 dans l'édition Folio, clôt le chapitre 1 de ce roman qui "décrit la nudité de l'homme en face de l'absurde" (Camus). Le narrateur Meursault raconte, avec un détachement "naturel" surprenant l'enterrement de sa propre mère. Dans le chapitre 1, le talent d'écrivain de Camus nous éblouit : Meursault semble ne pas prendre part à cet événement pénible de sa vie et l'écriture montre bien à quel point il semble extérieur à lui-même en racontant comme s'il se contentait d'enregistrer, sans émotion apparente, ce qui se passe sous ses yeux.
Bonne lecture !