Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
Le roman se déroule au moment des grands travaux haussmanniens qui ont modernisé Paris, entre 1852 et 1870, remplaçant les petites ruelles pittoresques, souvent insalubres, par de larges boulevards dessinés par le préfet Hausmann, selon le modèle des grandes avenues londoniennes.
Fascinée par « les lieux et leur mémoire », Tatiana de Rosnay, auteure des romans Elle s’appelait Sarah et Moka, entre autres best-sellers, a imaginé ce qu’avaient pu ressentir les Parisiens devant ces démolitions méthodiques, ce qu’ils avaient pu vivre alors au quotidien. Elle nous transporte, avec talent, à l’époque de Baudelaire et de Victor Hugo, dans le Paris des relieurs et des chiffonniers, des herboristes et autres petits commerçants aujourd’hui disparus.
L’histoire
Le cœur lourd, Rose, « une vieille femme de presque soixante ans » écrit à son époux chéri, mort depuis dix ans. Elle lui raconte comment un an auparavant, elle a reçu un avis de destruction de la rue Childebert où se trouve la demeure familiale. Cette rue est sur les plans de rénovation du préfet Hausmmann et, si l’espoir demeure un temps, grâce à la proximité de l’église Saint-Germain, Rose comprend vite qu’elle devra puiser, dans ses lettres, la force de supporter la destruction programmée de sa maison. En réalité, par l’écriture, elle se prépare à alléger son âme d’un terrible secret …
Mes impressions
Rose est un petit roman très sympathique, agréable à lire et sans temps morts : je l’ai lu d’une traite, en une soirée, alors que j’étais en retard pour le rendez-vous programmé avec Souricette. Alors, bien sûr, ce n'est pas de la grande littérature, mais une fois la lecture engagée, on a envie de connaître la fin ! Oui, vraiment, je me suis sentie absorbée par le fil des événements. J'ai aimé le style des lettres de Rose comme j'ai aimé savoir que l'auteure avait écrit son roman à la main, pour retrouver le rythme régulier de la plume de son héroïne... Pour adapter le tracé des mots au lent défilé des heures. J'ai trouvé que les états d’âme de cette femme forte et intelligente, issue de la bourgeoisie parisienne, rendaient bien l’atmosphère de l’époque. Les retours en arrière sont éclairants quant à la vie quotidienne de ses contemporains. La condition des femmes de ce milieu - l’approche de la maternité notamment - est particulièrement bien évoquée. L’émotion est présente, notamment avec l’épisode du choléra que j’ai trouvé poignant (je n’en dis pas plus pour ne pas dévoiler l’intrigue). Régulièrement, d’autres lettres sont reproduites, mais on ne peut parler, à mon sens, de roman épistolaire car il n’y a pas d’échanges : Rose tient plutôt une sorte de journal qu’elle adresse à son époux et dans lequel elle glisse d’autres précieuses missives, écrites par des personnages qui gravitent autour d’elle. L’alternance de points de vue permet au lecteur de suivre le cheminement de la narratrice et la maturation de son projet, tout en dévoilant progressivement son passé.
Tatiana de Rosnay a su, une fois de plus, entraîner intelligemment le lecteur vers la révélation finale et la découverte du destin de l’héroïne. La construction soignée entremêle habilement l’Histoire, collective, de la capitale et une histoire individuelle, fictive ... pour notre plus grand plaisir !
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Bonne lecture !