Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
Essai 157 pages
Dossier critique (pages 161 à 359)
Pourquoi rions-nous ? Le Rire est un essai sur la signification du comique, publié en 1900. Bergson y « décortique » la mécanique du rire, en analyse les ressorts, tout en passant en revue les situations qui le déclenchent. Par exemple, « qu’est-ce qu’une physionomie comique ? D’où vient une expression ridicule du visage ? Et qu’est-ce qui distingue ici le comique du laid ? » (p. 17, chapitre 3). Bergson nous propose également une réflexion très concrète sur l’art, à travers des caractères et des types, dans la comédie par exemple.
L’argumentation philosophique de Bergson, qui suit les catégories classiques du comique, commence par trois remarques préliminaires : tout d’abord, « il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain ». Ensuite, « le comique exige […] pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur. Il s’adresse à l’intelligence pure. » Enfin, « notre rire est toujours le rire d’un groupe ». Ainsi, « on ne goûterait pas le comique si l’on se sentait isolé », ce qui implique une « complicité avec d’autres rieurs réels ou imaginaires. »
Le milieu naturel du rire est donc la société et Bergson insiste beaucoup sur la dimension sociale du rire. Le rire collectif rappelle à la norme un individu comique. Il indique un dérèglement que la personne à l’origine du rire s’empressera d’enrayer dès qu’elle en aura conscience. « Un défaut ridicule, dès qu’il se sent ridicule, cherche à se modifier, au moins extérieurement. »
Ainsi, Bergson s’intéresse à la fois aux ridicules et aux rieurs : il porte sur chacun un regard critique de moraliste. Il explique que le rire cruel – par opposition au rire joyeux - est le châtiment d’une raideur comique et que, par conséquent, l’opposé du comique est la grâce car le comique est raideur plus que laideur. Dans le chapitre 3, qui porte sur le comique des formes, Bergson analyse aussi le travail du caricaturiste. A propos du comique des gestes et des mouvements, il affirme que « les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l’exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique. » (23) Et d’ajouter que l’imitation fait souvent rire, parce que « imiter quelqu’un, c’est dégager la part d’automatisme qu’il a laissé s’introduire dans sa personne. »
L’inconscient n’est pas notre allié car on rit de la part inconnue de nous-mêmes, qui s’exprime dans notre attitude et peut être involontairement une source de comique. Lorsque nous sommes distraits par exemple : le distrait est sur « une des grandes pentes naturelles du rire » !
Petite biographie :
Bergson est né à Paris en 1859. Agrégé de philosophie en 1881, il poursuit une carrière exemplaire jusqu'à obtenir un poste de Maître de conférences à l'Ecole Normale Supérieure, puis une chaire au Collège de France, en 1900.
Prix Nobel de littérature en 1928, les oeuvres-phare de Bergson sont :
Le Rire, 1900
L'Evolution créatrice, 1907
L'Energie spirituelle, 1919
Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932
Il est mort le 4 janvier 1941.
Je vous invite à lire les contributions de Catherine, Denis, Lee Rony et Sophie (mais le blog ne semble pas exister ! )
Et pour le plaisir de rire - comme je l'ai fait moi-même -, il faut écouter Marguerite Duras nous parler du fou rire et rire elle-même dans cette vidéo You tube :
En mai, je vous propose le thème « Littérature et philosophie » une lecture commune, si cela vous tente : il s’agit du roman Martin et Hannah de Catherine Clément. Vous pouvez également choisir tout roman dont l’un des personnages est un philosophe ou un roman contenant les mots « philosophie » ou « philosophe » dans son titre. Vous pouvez également lire un essai traitant des rapports entre la littérature et la philosophie ou encore nous surprendre…
J’espère que cette petite récréation du lundi 6 mai 2013 vous fera plaisir !
Belle lecture et bon voyage philosophiques !
Heide