Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
Ce mois-ci, je vais jouer les prolongations sur le thème passionnant des femmes philosophes. D’abord parce qu’il mérite d’être exploré, mais aussi parce que je n’ai malheureusement pas eu le temps de lire l’essai que j’avais prévu de vous présenter aujourd’hui : je viens seulement d’entamer la lecture de La Crise de la culture d’Hannah Arendt et je chroniquerai donc cet essai lundi prochain, le 11 mars.
De plus, comme j’avais très envie de lire Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, je consacrerai un troisième lundi philo (sans doute à la fin du mois) au tome 1 de cet essai existentialiste et féministe, paru en 1949.
Un programme de lectures philosophiques qui devrait me permettre d’attendre agréablement les premiers jours du printemps !
Pour être au rendez-vous aujourd’hui et en guise de préambule à l’article qui suivra la semaine prochaine, je me suis documentée sur la vie d’Hannah Arendt et sur la notion de crise de la culture.
Hannah Arendt (1906-1975) est une philosophe allemande, puis américaine, disciple de Heidegger et de Jaspers notamment. Ses origines juives l’obligent à fuir l’Allemagne nazie : réfugiée d’abord à Paris, de 1933 à 1941, elle rejoint ensuite les Etats-Unis dans des conditions extrêmement précaires. Elle y poursuit sa carrière universitaire, rédigeant ses articles et ses ouvrages en anglais. Ses recherches portent principalement sur la société contemporaine et les phénomènes totalitaires.
Ses essais les plus importants sont les suivants :
Les Origines du totalitarisme, 1951
Le Système totalitaire, 1951
Condition de l’homme moderne, 1958
Eichmann à Jérusalem, 1963
Essai sur la révolution, 1963
La Crise de la culture, 1968
Du mensonge à la violence, 1972
Dans son manuel Les Chemins de la pensée, publié en 1999, Jacqueline Russ, philosophe contemporaine de renom, décédée en 1999, souligne l’influence considérable de cette femme philosophe, pourtant reconnue tardivement en France :
« Reconnue très tard en France, en raison de l’influence considérable qu’exerçait alors le marxisme, H. Arendt est une figure marquante de la pensée politique des Etats-Unis. Elle a démontré les mécanismes implacables du totalitarisme et a su comprendre en profondeur la dimension de l’homme moderne. »(page 507)
Pour la petite histoire, Hannah Arendt fut l’élève et l’amante de Martin Heidegger. Or, Catherine Clément, une autre femme philosophe en a fait le sujet d’un roman qui se trouve dans ma PAL depuis quelques temps et qui me tente vraiment beaucoup : Martin et Hannah débute en Allemagne, en 1975.
« Deux femmes au soir de leur vie se retrouvent au chevet d’un vieil homme, après avoir lutté cinquante ans pour occuper la première place dans son cœur. Tandis que dans la pièce voisine somnole, hanté pas ses cauchemars, le plus grand esprit de son siècle, les deux ennemies font une trêve : duel de deux mémoires à fleuret moucheté, temps suspendu des réminiscences et des rêves perdus. »
Autant aller au bout de ma petite digression ! La quatrième de couverture (éditions Calmann-Lévy) se poursuit ainsi :
« Martin et Hannah : il était professeur, elle était son élève ; près de vingt ans les séparent, le philosophe génial consumé par son « escapade » nazie et l’intellectuelle juive brûlée par sa lucidité. Mais pendant cinquante ans, leur passion les tient. […] Martin, Hannah, Elfride [il s’agit de l’épouse de Martin] : dans cette vaste partition, chacun a son thème, et chacun détient un peu de la mémoire de l’autre. Mais cette fugue à trois voix est d’abord frappée du sceau de la plus grande tragédie du siècle : parce que Martin est Heidegger, et Hannah, Arendt. »
Seriez-vous partant(e)s pour une lecture commune du roman Martin et Hannah en avril ou en mai ?
Je reviens à la philosophie et je terminerai cet article par quelques remarques sur la notion de crise de la culture.
En médecine, une « crise » correspond au moment paroxystique d’une maladie. Ce n’est pas le point culminant signalant sa fin, mais plutôt un instant critique qui en modifiera le cours. La crise est donc à l’origine d’une discontinuité dans un processus. Elle introduit une rupture tout en conservant le sens profond de ce qu’elle vient bousculer : quand on parle de « crise d’adolescence », on évoque un temps de révolte et de rupture contre l’ordre établi qu’incarnent les parents et les adultes en général. C’est une étape dans la construction de tout individu.
Cependant, quand on parle de « crise de la culture », cela va beaucoup plus loin que la seule remise en cause d’une tradition. Pourquoi ? La notion de crise est inhérente à la culture – les mouvements naissent par opposition à ceux qui ont précédé. Il s’agit donc surtout, dans ce cas, d’une impossibilité à définir la culture et à la transmettre.
Nous verrons comment Hannah Arendt répond à la question épineuse de l’évolution politique et sociale de la culture à l’heure où elle est devenue synonyme de loisir. Est-ce la culture de masse qui se trouve à l’origine de cette crise ? Comment ne pas soumettre l’art à la logique de la société de consommation ?
Je vous en dirai un peu plus lundi prochain (si je parviens à tout comprendre car la lecture promet d’être passionnante, mais ardue…)
J’attends avec impatience de lire vos billets.
Edit du soir - Vos liens :
Catherine nous présente Cléobouline, poétesse grecque, l'une des premières femmes philosophes.
Lee Rony a écrit un poème satirique sur le thème, poème dont les idées auraient pu inspirer Simone de Beauvoir en son temps... Quel talent !
Denis évoque la vie et l'oeuvre de Simone Weil, en attendant son article de lundi prochain sur La Pesanteur et la grâce.
En attendant, on peut déjà penser à la prochaine thématique, pour le lundi 1er avril 2013, lundi de Pâques et poisson d’avril en plus – ce qui devrait donner quelque idée amusante à Lee Rony… Une proposition ?
Prochain thème : LA PHILOSOPHIE ET LE RIRE
Si tout le monde est d'accord !
Belle lecture et bon voyage philosophiques !
Heide