Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
On ne présente plus Matthieu Ricard, tant on a parlé de ce moine bouddhiste, au visage chaleureux. Interprète français du Dalaï-Lama, ce biologiste de formation, fils du philosophe Jean-François Revel et de l’artiste-peintre Yahne Le Tournelin, est également photographe et auteur d’ouvrages dont les droits sont intégralement reversés à de nombreux projets humanitaires, initiés par l'auteur dans les régions de l’Himalaya.
La Citadelle des neiges est un conte spirituel, publié en 2005, chez Nils Editions et je dois dire que j’ai aimé la couverture granuleuse de ce petit livre de 137 pages dés que je l’ai touchée et tenue entre mes mains.
L’histoire
La Citadelle des neiges raconte le voyage initiatique de Détchèn Dorjé - ce qui signifie en tibétain « Félicité de Diamant » - de son hameau natal de l’est du Bhoutan vers ce lieu homonyme parmi les plus sacrés du bouddhisme. Attentif aux enseignements de son maître Tokdèn Rinpotché, le « très Précieux », Détchèn s’initiera à la vie spirituelle et progressera vers la quête de l’Eveil.
Mes impressions
"Il va falloir faire avec ou plutôt sans", tel est le refrain de Ton Héritage de Benjamin Biolay, merveilleuse chanson que j’ai choisie pour accompagner ce billet. Elle dit tellement bien nos fragilités, la mélancolie qui nous habite parfois et qui nous étreint le cœur… Cet appétit de vivre aussi qui ne protège pas de la peur et de la douleur…
Alors, comment apprendre à laisser passer ce qui, dans la vie, nous dépasse et nous fait souffrir ? La Citadelle des neiges est un précieux cadeau … La lecture de ce conte initiatique nous donne des clés pour que l’harmonie puisse dominer notre vie, pour que la sérénité nous habite enfin, pleinement. Comment ? Grâce à l’art de la méditation et à la philosophie bouddhiste dont les principes de base sont présentés à travers le cheminement d’un petit garçon bhoutanais, sensible, désireux de comprendre le monde. Il ne s’agit pas de conseils techniques ou de leçons à visée didactique : le parcours spirituel de Détchèn est une parabole aux accents poétiques, parfois merveilleux, comme dans l’épisode du corps d’arc-en-ciel…
La vie ne nous ménage pas et nous sommes souvent notre propre bourreau. La philosophie bouddhiste nous explique que, dans ces moments-là, nous marchons vers le Samsara, le monde de la souffrance. Pour traverser « ces chemins marécageux », il faut se montrer sage et méthodique. Oui, mais comment atteindre la sagesse et agir avec méthode ? Voilà un enseignement que nous recevons avec Détchèn, quand il écoute les paroles sages de l’ermite Jamyang Nyima, « Doux Soleil de la connaissance », au cours du voyage vers la Citadelle. Pourquoi nos pensées vagabondes sont-elles comme des sangsues ? J’avoue que ce point-là m’a intéressée au plus haut point … Pourquoi les plaisirs faciles ne peuvent-ils nous apporter le bonheur ? On se doute davantage de la réponse, mais tout est dit avec tant de poésie que la réflexion s’en trouve enrichie !
Ce conte philosophique apporte des réponses ou, en tous cas, ouvre la voie à une réflexion sur la vraie question, celle qui nous taraude tous un jour : quel sens donner à notre vie ? Car nous le savons bien, même intuitivement, même à vingt ans, même quand tout va bien : « il n’y a pas de temps à perdre […] On ne sait de la mort ou du lendemain, qui viendra le premier. » (page 61)
Un extrait
Et je terminerai par un passage qui me touche personnellement :
« Comme les jours et les nuits qui s’enfuient, la vie s’écoule inexorablement. N’est-il pas miraculeux, après avoir dormi, de s’éveiller vivant ? Cette vie est plus fragile qu’une bulle sur l’eau. Penser qu’on va d’abord terminer tout le travail entrepris, puis se consacrer au Dharma, est puéril. Il faut comprendre qu’on n’a pas de temps à perdre, comme si l’on était touché au cœur par une flèche. Faute de quoi, on risque fort de sombrer dans le marécage des illusions du monde, les préoccupations ordinaires liées à la joie et la peine, au gain et à la perte, aux louanges et au blâme, à la renommée et à l’anonymat. » (page 110)
Bonne méditation !
Quant à la chanson Ton Héritage de Benjamin Biolay, vous la retrouverez avec plaisir en lisant "Si tu veux tes amis près de toi tout le temps" et les tranches de vie de Moka. Emotions garanties !