Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
L'histoire
Que de belles pages recèle la littérature russe ! Dans ce petit récit étonnant, écrit en 1927, Nina Berberova raconte, dans un style brillant, la mort subite et l’enterrement de Barbara Ivanovna arrivée, la veille au soir, avec sa fille Marguerite, dans la pension du Dr Byrdine. Les deux « dames » ont fui Saint Petersbourg, agitée par des troubles révolutionnaires. Vu les tensions politiques, une sépulture provisoire et exceptionnelle – je n’en dirai pas plus pour préserver le plaisir de la lecture - est choisie jusqu’à ce que Marguerite puisse faire transporter la dépouille de sa mère près de la demeure familiale… Quelques années plus tard, Marguerite revient sur la tombe de sa mère mais la situation n’est pas celle qu’elle avait imaginée …
Mes impressions
Ce court récit, réaliste et cruel, a toutes les caractéristiques d’une nouvelle : concision, unité de temps et de lieu, nombre de personnages réduit, recherche de l’insolite et chute surprenante. Les dames de Saint-Petersbourg sont « croquées » avec humour, même dans la mort ou le deuil. En effet, on a tour à tour envie de sourire ou de s’attrister en suivant les réactions de Marguerite. Et le style enlevé de Nina Berberova nous met définitivement à l’abri de l’ennui !
Je lirai prochainement La Souveraine, un petit roman du même auteur dans lequel j’espère retrouver l’humour noir que j’ai apprécié ici !
Florilège
"Souvenir, souvenir éternel, mais qui va se souvenir ? Je ne comprends rien. Il n'y a que moi qui puisse me rappeler, et personne d'autre. Mais est-ce que je suis éternelle, moi ? Tout n'est que mensonge ... Maman n'est plus mà ! Et quand elle était là, on n'en avait que faire, elle était gênante même (...)" (p. 60)
"Les oiseaux fuyaient la chaleur dans les arbres, mais d'énormes mouches bleu sombre tournoyaient avec un bourdonnement épais autour du visage de la morte. "Pourvu qu'elles ne se posent pas, pourvu qu'elles ne se posent pas !" pensait la petite Véra, lorsqu'elle vit soudain quelque chose s'écouler du milieu du cercueil, entre les deux tabourets, sur le sol décoré de la terrasse.
- ... les offenses volontaires ou involontaires ! ... déclamait le prêtre." (pp. 58-59)
Anneso propose un article élogieux sur Roquenval de Nina Berberova. Je ne connaissais pas ce titre, mais je me laisserais bien tenter !
Bonne lecture !