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Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!

Patrick Besson, Mais le fleuve tuera l'homme blanc

            Mais-le-fleuve-tuera-l-homme-blanc.jpg   Ce roman de Patrick Besson, était dans ma LAL depuis sa sortie, en 2009, chez Fayard et j'avais écouté, avec grand intérêt, Patrick Bunel en faire un vibrant éloge dans son émission La Grande librairie.

 

           L'histoire :

 

         Christophe, jeune cadre dans une compagnie pétrolière et passionné d'espionnage, entreprend de suivre Blandine de Kergalec, ancienne espionne au service de la DGSE. Cela se passe au Congo, à Brazzaville avec en toile de fond, comme une blessure lancinante, le génocide rwandais.


          Je vous livre la quatrième de couverture car, je vous l'avoue, il m'est difficile de résumer ce roman tant j'ai trouvé l'intrigue complexe :

"A bord de l'avion Paris-Brazzaville, Christophe, cadre dans une grande compagnie pétrolière, reconnaît une passagère : Blandine de Kergalec, officier de la DGSE, ayant quitté le service Action deux décennies plus tôt après un scandale. Passionné d'espionnage, Christophe la suit dans la capitale congolaise. Il surprend sa rencontre, dans un dancing au bord du fleuve, avec un militaire rwandais. Le jeune homme se trouve alors impliqué dans un réglement de comptes brutal, à multiples facettes. Par un jeu troublant de flash-backs et de points de vue alternés, l'auteur piège son lecteur dans un labyrinthe qu'il ne sera pas prêt d'oublier."

 

                Mes impressions :

 

              Autant le dire tout de suite, j'ai flanché à la page 349 (sur 484). Voilà ! Le règlement de comptes ? Je ne sais pas, il s'agit sans doute du dénouement car j'ai abandonné avant qu'il en soit vraiment question ...  Je me suis dit que ce n'était peut-être pas le bon moment, comme ça arrive parfois quand un roman ne correspond pas à votre humeur du moment ... Mais non, c'est plus qu'un rendez-vous manqué : l'intrigue, les personnages, tout a glissé sur moi sans me toucher. Effectivement, le roman foisonne de personnages et le même moment est abordé plusieurs fois sous des angles différents. Le lecteur prend connaissance des événements et l'action progresse en suivant cette alternance de points de vue. Alors, il est vrai que ce roman est prodigieusement bien structuré, c'est même peut-être "l'oeuvre la plus accomplie" de Patrick Besson, comme le dit son éditeur. Mais, pour moi, ce travail de construction est le défaut majeur du livre parce que cela complique considérablement la lecture et déshumanise les personnages, d'une certaine façon.  Sans compter que j'ai dû revenir en arrière plusieurs fois pour retrouver l'identité de certains, leur rôle dans l'action...  En tant que lectrice, je n'ai jamais vu en eux que des êtres de papier et , à aucun moment, ils n'ont pris l'épaisseur des figures "du romanesque intense" qui semblent se hisser hors du livre et s'asseoir à côté de vous sur le canapé.  

Un ou deux passages m'ont tout de même profondément touchée, notamment lorsqu'il est question du récit du génocide rwandais et du destin de Tessy, violée treize fois à treize ans et sauvée d'une mort certaine "grâce à la brillante idée qu'elle [a] eu de transporter sa mère décapitée dans une brouette" ...

Et puis, la réflexion autour de la situation géopolitique et du rôle de l'"Or noir", convoité par le monde occidental, est approfondie et éclairante pour qui s'y connaît un peu. En revanche, moi qui ne connais l'Afrique que par le prisme des journaux occidentaux, je n'y ai pas entendu grand chose ...


Suite au commentaire de Tatiana, je corrige mon erreur initiale : honte à moi qui ai confondu Patrick et Philippe (il est vrai que je n'avais jamais vu de photographie de Philippe Besson !) Je maintiens mon conseil de lecture pour En l'absence des hommes - un immense coup de coeur - ou Se résoudre aux adieux de Philippe Besson et je comprends mieux ma surprise finalement ... Si tu repasses par là, merci Tatiana !


            Un extrait :

 

"Le samedi 19 décembre 1998, ayant traversé Brazza du sud-ouest au nord-est pendant les rares moments où les Ninjas de Ntumi et les Cobras de Sassou ne se tiraient pas dessus, Tessy atteignit Moukondo. Elle poussait devant elle une brouette dans laquelle se trouvait le cadavre de sa mère, moins la tête. Les Ninjas et les Cobras encore vivants, aujourd'hui militaires réguliers ou employés d'administrations en sureffectifs, se souviennent de cette adolescente qui, lorsqu'on lui demandait quelque chose, se contentait de soulever la couverture qui recouvrait le corps incomplet de Scholastique Estio. Et de dire : "Mama na ngaï". Ma mère. Littéralement : la mère à moi. On la laissait passer. Tata-mwassi Elisabeth me décrivit alors Tessy telle qu'elle la vit ce jour-là : durcie par son malheur, on l'eût dit de pierre. Du sang avait séché sur ses cuisses. Ses cheveux trempés de sueur étaient aplatis sur son crâne. Sa robe était déchirée en plusieurs endroits. Elle était pieds nus." (page 53)

 

Et un très beau poème de Bigaro Diop, "best-seller des enterrements subsahariens francophones" (page 42) :

 

Souffles

 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,

ils sont dans le sein de la femme,

ils sont dans l'enfant qui vagit

et dans le tison qui s'enflamme.

Les morts ne sont pas sous la terre,

ils sont dans le feu qui s'éteint,

ils sont dans les herbes qui pleurent,

ils sont dans le rocher qui geint,

ils sont dans la forêt,

ils sont dans la demeure : les morts ne sont pas morts. [...]

 

                                      Bigaro Diop (cité dans Mais le fleuve tuera l'homme blanc)

 


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T
Ouiiii! Merci bien pour cette attention Heide!:)))<br /> Et pour les coups de coeur parmi les livres de Patrick, je conseille toujours "Lettre à un ami perdu" et "La Statue du Commandeur")))).<br /> Et moi je vais passer à la lecture des deux ouvrages recommandés par vous)))
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H
<br /> <br /> La semaine dernière, j'ai acheté "L'Ecole des absents" de Patrick Besson (je vérifie le prénom ... Oui, c'est bien ça ! ) L'avez-vous lu ? Parmi vos titres, je commencerai probablement par "Lettre à un ami perdu" dont j'ai déjà entendu parler. J'ai lu un article dans lequel Patrick était présenté comme le<br /> "méchant" et Philippe, le "gentil" Besson ... Il est vrai que Patrick Besson a fait parler de lui en cette période de campagne électorale ... A bientôt Tatiana !<br /> <br /> <br /> <br />
T
Merci bien pour cet article sur le roman de Patrick Besson...<br /> Juste une petite remarque sur vos recommendations aux lecteurs: les deux romans qui sont cités comme coups de coeur sont de Philippe Besson et pas de Patrick.
Répondre
H
<br /> <br /> Merci encore Tatiana ! J'ai corrigé dans l'article et je suis encore confuse de mon étourderie ! <br /> <br /> <br /> <br />