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Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!

Prosper Mérimée, La Vénus d'Ille

venuspoche.jpgProsper Mérimée, La Vénus d’Ille, 1837

Editeur : Le Livre de poche (24 août 1994)

Collection Libretti

Genre : nouvelle fantastique

94 pages

 

      « La Vénus d’Ille » a été publiée en 1837, dans la revue prestigieuse la Revue des Deux Mondes. Mérimée s’était vu confier des fonctions importantes dans les affaires culturelles tant son érudition en histoire de l’art était reconnue : ainsi, dés 1834, Mérimée est Inspecteur général des Monuments historiques. En 1837, année de publication de la nouvelle, il vient d’achever une tournée d’inspection des monuments du sud de la France. Cependant, même si tout porte à croire le contraire, Mérimée lui-même rappela dans une lettre que la Vénus d’Ille n’avait jamais existé.


    La nouvelle raconte les circonstances mystérieuses de l’assassinat d’Alphonse de Peyrehorade, jeune homme de bonne famille, fort peu sympathique au demeurant, au cours de sa nuit de noces. Le narrateur, présent au moment du crime, est l’invité du père d’Alphonse, un antiquaire auquel il a été recommandé par un ami, M. de P. et qu’il est venu solliciter pour le guider dans sa découverte des ruines de la région d’Ille, petite ville tranquille des Pyrénées Orientales. Or, à son arrivée à Ille, le narrateur apprend en discutant avec son guide catalan, qu’un antique, une Vénus de bronze a été découverte, sous un arbre mort, un vieil olivier que le Catalan et Jean Coll avait pour ordre de déraciner : une main noire est alors sortie de terre et les deux hommes l’ont d’abord prise pour un cadavre en décomposition. Puis l’ayant dégagée entièrement, ils ont été saisis par l’air méchant de cette « idole », qui semblait animée d’une conscience et douée de volonté. D’autres événements troublants, impliquant la Vénus, suivront jusqu’à cette fameuse nuit de noces dont le déroulement sera mis en avant par l’enquête de police. Alphonse a-t-il été victime d’une vengeance humaine – des éléments de l’intrigue permettent de l’envisager - ou de la passion destructrice d’une statue antique démoniaque ? Et que signifie l’inscription latine « Cave Canem » sur le socle de la statue ? La double interprétation, caractéristique du registre fantastique est bien présente et le lecteur oscille entre une explication rationnelle et une autre laissant la porte ouverte au surnaturel…


     "La Vénus d'Ille" est devenue un classique du genre. Ce fut une lecture très agréable tant la fiction est bien menée, mêlant plusieurs registres voire plusieurs genres : de la chronique pittoresque d’une petite ville du Roussillon, nous passons à une enquête policière au sujet d’un drame familial. Et au centre de tout cela se déploie le fantastique, entre ironie et tragique, nourrit de symboles tels les nombreuses occurrences du chiffre 2 et « l’inquiétante étrangeté » (Freud) de la Vénus, cette « divinité infernale » qui s’anime.


Extrait :


« Je m’habillai rapidement et j’entrai dans le corridor. De l’extrémité opposée partaient des cris et des lamentations, et une voix déchirante dominait toutes les autres : « Mon fils ! mon fils ! » Il était évident qu’un malheur était arrivé à Monsieur Alphonse. Je courus à la chambre nuptiale : elle était pleine de monde. Le premier spectacle qui frappa ma vue fut le jeune homme à demi vêtu, étendu en travers sur le lit dont le bois était brisé. Il était livide, sans mouvement. Sa mère pleurait et criait à côté de lui. M. de Peyrehorade s’agitait, lui frottait les tempes avec de l’eau de Cologne ou lui mettait des sels sous le nez. Hélas ! Depuis longtemps son fils était mort. Sur un canapé, à l’autre bout de la chambre, était la mariée, en proie à d’horribles convulsions. Elle poussait des cris inarticulés, et deux robustes servantes avaient toutes les peines du monde à la contenir. 

« Mon Dieu ! m’écriai-je, qu’est-il donc arrivé ? »

 

Pour conclure, Mérimée se serait inspiré du récit d’Hermann Corner, écrit en latin au XIe siècle et source de nombreuses reprises jusqu’au XIXe siècle. Dans la version de Corner, la statue est une incarnation de la déesse Vénus elle-même et non plus une simple sculpture qui s’anime. Le texte est effectivement très semblable et je m’en tiendrai à cette remarque pour ne pas dévoiler les éléments clés de l’intrigue et préserver le plaisir de la lecture.

 

J’inscris cet article dans le cadre du challenge « Fant'classiques » chez Iluze et du challenge « Un classique par mois » chez Stephie.

 

Belle lecture !

 

Heide

 

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A
<br /> Voilà un billet bien intéressant et je me rends compte que je n'ai jamais lu ce Monsieur Mérimée. Tu mènes bien ta chronique car tu m'as donné envie de me rafraîchir la mémoire.<br />
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H
<br /> <br /> Super alors ! J'en suis très heureuse. Merci Anis ! <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />