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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 06:58

Cher(e)s ami(e)s,

 

 

Depuis 2009, j'ai le plaisir d'écrire et de partager mes coups de coeur sur ce blog.

Le temps est venu pour A fleur de mots de faire peau neuve pour vous proposer un site au design retravaillé sur lequel je publierai désormais toutes mes nouvelles critiques. 


A fleur de mots change de nom et s'appellera désormais Juste une écorchure des nuages !

 

J'espère que vous me suivrez nombreux sur mon nouveau webzine !


http://www.juste-une-ecorchure-des-nuages.com 

 

Dans les prochains jours, j'aurai plaisir à vous retrouver pour les lundis philo, la lecture de Marguerite Duras et la littérature épistolaire.


Les articles d'A fleur de mots seront tous repertoriés sur Juste une écorchure des nuages dans les semaines à venir.

 

Des nouveautés : l'ouverture prochaine d'une page Facebook et d'un compte Twitter consacrés à Juste une écorchure des nuages !

 

Un bon dimanche à toutes et tous !

 

Heide - Sandrine

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 22:24

459px-Albert_Camus2.jpg

Source de l'image : Wikipedia

 

Le centenaire de la naissance de Camus est l’occasion de présenter Caligula, tragédie atypique, écrite dès 1938 et remaniée par l’auteur jusqu’en 1958.  Lors de sa création en 1945, la pièce connut un franc succès, qui ne s’est pas démenti depuis, puisqu’aujourd’hui encore, elle est la plus jouée à travers le monde. L’œuvre théâtrale de Camus compte trois autres pièces, qui ont reçu un accueil plus mitigé, de la semi-réussite pour Le Malentendu, en 1944, à l’échec cuisant pour L’Etat de siège, en 1948. En revanche, en 1949, le public réserva un accueil chaleureux à la pièce Les Justes, une oeuvre à l’esthétique épurée contrairement à Caligula.

Camus_Caligula.jpg

Albert Camus, Caligula suivi de Le Malentendu,

Collection Folio, © Gallimard, 1958 

 

Dans le Discours de Stockholm, prononcé à l’occasion de la remise du Prix Nobel (1957), Camus explique :

« J’avais un plan précis quand j’ai commencé mon œuvre : je voulais d’abord exprimer la négation. Sous trois formes. Romanesque : ce fut L’Etranger. Dramatique : Caligula, Le Malentendu. Idéologique : Le Mythe de Sisyphe. Je prévoyais le positif sous trois formes encore. Romanesque : La Peste. Dramatique : L’Etat de siège et Les Justes. Idéologique : L’Homme révolté. J’entrevoyais déjà une troisième couche autour du thème de l’amour.»

De fait, Caligula est une œuvre d’inspiration antique, très noire : Camus a lu la Vie des Douze Césars de Suétone et repris le portrait archétypal de l’empereur fou, successeur de Tibère, au pouvoir de 37 à 41 après JC. Dans un foisonnement baroque, que l'on peut voir comme une allégorie de l’arbitraire, se mêlent la violence froide de la gestuelle et du langage corporel - les meurtres, dont celui du vieux Mereia, se déroulent de façon abrupte, sur scène -, l’application désespérée d’une politique tyrannique avec une insensibilité de surface, quoique clairement revendiquée par le personnage et des idées philosophiques, qui ont toute l’apparence de l’absurde, tant elles semblent émaner d’un esprit confus, mu par un cynisme désopilant, impossible à comprendre, à justifier.


La portée philosophique des idées du personnage – « Gouverner, c’est voler, tout le monde sait ça. » (34) ; « Vivre, Caesonia, vivre, c’est le contraire d’aimer. » (42) ; « L’insécurité, voilà ce qui fait penser. » (analyse de Cherea, acte IV, scène IV) –, n’enlève pas l’échec : Caligula reconnaît avoir voulu la lune. Or, s’il lui est possible d’assassiner sur un ordre, le plus arbitraire soit-il, il ne peut et ne pourra jamais, autrement que de manière illusoire, « mêler le ciel à la mer, confondre laideur et beauté, faire jaillir le rire de la souffrance. » (acte I, scène XI)

Répondant à Scipion, qui vient d’évoquer « l’immonde solitude » qui doit être la sienne, Caligula ne peut échapper à sa conscience.  Exaspéré, il s’écrie :

« La solitude ! Tu la connais, toi, la solitude ? Celle des poètes et des impuissants. La solitude ? Mais laquelle ? Ah ! Tu ne sais pas que seul, on ne l’est jamais ! Et que partout le même poids d’avenir et de passé nous accompagne ! Les êtres qu’on a tués sont avec nous. Mais ceux qu’on a aimés, ceux qu’on n’a pas aimés et qui vous ont aimé, les regrets, le désir, l’amertume et la douceur, les putains et la clique des dieux. […] Seul ! Ah ! si du moins, au lieu de cette solitude empoisonnée de présences qui est la mienne, je pouvais goûter la vraie, le silence et le tremblement d’un arbre ! »  

(Acte II, scène XIV)

 

Derrière ce personnage, qui subit de plein fouet la violence d’un monde absurde et qui en souffre au point de ne pouvoir y répondre que par la cruauté, derrière cette incapacité à vivre le bonheur et la tendresse auxquels Caligula aspire pourtant, Camus analyse l’humaine condition, que l’on peut examiner à la lumière des thèses nihilistes. En effet, quel sens donner à l’existence dans un monde sans dieux ? « Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. »

Après la mort de sa soeur et amante Drusilla, cette conscience de l'absurde incite Caligula à se jeter corps et âme dans un projet fou, blasphématoire. A l’instar de Prométhée, autre figure philosophique chère à Camus, il se veut l’égal des dieux :

 « Cette mort n’est rien, je te le jure ; elle est seulement le signe d’une vérité qui me rend la lune nécessaire. »  

(Acte I, scène IV)

« […] de quoi me sert ce pouvoir si étonnant si je ne puis changer l’ordre des choses, si je ne puis faire que le soleil se couche à l’est, que la souffrance décroisse et que les êtres ne meurent plus ? »

(Acte I, scène XI).

 

Refusant de souffrir, il éprouve le "bonheur" dans le fait d'être "libéré [...] du souvenir et de l'illusion", dans le savoir "libérateur" que "rien ne dure !"  Et Caesonia de lui répondre "avec effroi" : "Est-ce donc du bonheur, cette liberté épouvantable ?"(Acte IV, scène XIII)

 

Dans son essai L’Ordre libertaire. La Vie philosophique d’Albert Camus, Michel Onfray voit dans Caligula le « premier texte libertaire » de l’écrivain. Mais le personnage libertaire par excellence, ce n’est pas Caligula qui l’incarne ; c’est son "antidote" (M.O.), Cherea, l’un des conjurés, qui fomentera l’assassinat de l’empereur, parce que celui-ci « met son pouvoir au service d’une passion plus haute », ce qui le rend invulnérable, totalement impossible à raisonner.

A Scipion, ce jeune poète empathique, qui se demande qui peut bien avoir raison dans la souffrance et sur lequel Caligula cristallise tous ses élans de tendresse alors même qu’il a froidement assassiné son père, Cherea oppose la question cruciale du choix :

« Il est des heures où il faut choisir. Moi j’ai fait taire en moi ce qui pouvait lui ressembler. » (119)

Pourtant, il n’est ni de haine, ni d’esprit de vengeance dans la décision de Cherea :

« Ici, tu te trompes, Caïus. Je ne te hais pas. Je te juge nuisible et cruel, égoïste et vaniteux. Mais je ne puis pas te haïr puisque je ne te crois pas heureux. Et je ne puis pas te mépriser puisque je sais que tu n’es pas lâche. »

Acte III, scène 6

 

Ainsi, Michel Onfray explique comment l’oeuvre « démonte les rouages du pouvoir », - un pouvoir tyrannique, exercé sans éthique, en réponse à une souffrance aigue devant l’absurde - et il « présente les mécanismes de la sujétion, de la soumission », « une analyse de la servitude volontaire » (citations de M.Onfray, L'Ordre libertaire, page 305). Car, comme le constate Caligula, lorsqu’il abandonne ses discours aux accents lyriques, et se remet à justifier de manière éhontée son cynisme : « tout disparaît devant la peur. » 

 

 Finalement, dans le bruit des armes, avec l’amertume d’avoir raison, avec la lâcheté et la peur, Caligula s’apprête lui-même à « retrouver ce grand vide où le cœur s’apaise »

 

D'autres avis :

Sur  Caligula ("La Culture se partage"), L'Homme et l'oeuvre ("Bonheur de lire"). Denis propose également un récapitulatif des hommages rendus à Albert Camus, à l'occasion de ce centenaire.

 

Belles lectures camusiennes !

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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 22:39

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Robert Desnos est un poète que je lis et que j'aime depuis l'adolescence, période au cours de laquelle j'ai également découvert les surréalistes, pas seulement en poésie d'ailleurs car leur approche de la création littéraire a influencé d'autres genres - je pense à Julien Gracq et à son premier roman Au château d'Argol, qu'il assimile dans sa préface "à certains ouvrages d'une école littéraire qui fut la seule". Ce roman est toujours aujourd'hui mon livre de chevet.

Avant de mettre en lumière deux poèmes de Corps et Biens, parmi mes préférés - "Les Espaces de sommeil" et "De la fleur d'amour et des chevaux migrateurs" -, il m'a semblé intéressant de présenter la jeunesse de Desnos et ses débuts d'écrivain, juste avant son intégration au groupe Littérature, autour d'André Breton.

 

L’émergence d’un écrivain


Robert Desnos (1900-1945) a grandi dans une famille plutôt modeste, qu’il quitte à l’âge de 15 ans, le brevet en poche. Très jeune, il met donc un terme à ses études, mais sa passion pour la littérature et la culture le pousse à continuer de se former en autodidacte. A cette époque, Desnos exerce différents métiers : il est notamment le secrétaire du journaliste et écrivain Jean de Bonnefon, qui lui ouvre les portes de sa bibliothèque personnelle et celles de la Bibliothèque nationale, et il fréquente le cercle de Louis Gonzague, ami d’Apollinaire.

Il lit beaucoup et écrit des poèmes – « L’Ode à Coco », « Le Fard des Argonautes », « Prospectus » - dans lesquels on retrouve l’influence des mouvements d’avant-garde (Dada) et des mouvements anarchistes (la bande à Bonnot), qu’il découvre au cours de cette époque d’effervescence littéraire.

En 1918, il publie dans La Tribune des jeunes trois poèmes de facture symboliste.

 

L’expérience surréaliste

 

Début 1922, Benjamin Péret présente Desnos au groupe Littérature, du nom de la revue, fondée en mars 1919 par Breton, Aragon et Soupault. Littérature s’inscrit dans la mouvance Dada, ce mouvement intellectuel et artistique international, né en 1916 à New-York et à Zurich pour dénoncer la guerre, l’horreur de 14-18 illustrant, s’il était besoin, l’échec de la raison, de la culture et des civilisations. Le dadaïsme se diffuse en Europe jusqu’en 1923 et prône, sur le mode de la provocation, la rupture avec toute contrainte esthétique, politique ou idéologique.

En 1924, percevant les limites du mouvement Dada, le groupe Littérature, rejoint par Paul Eluard, crée le surréalisme. Leur pacte fondateur est le premier Manifeste du Surréalisme, publié la même année par André Breton, qui définit ainsi le mouvement :


"SURREALISME n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie…»

 

Cet extrait du Manifeste de 1924, montre  que le surréalisme est un état d’esprit plus qu’une école : il correspond à une manière particulière de concevoir la poésie et la création poétique, qui doit être dégagée des contraintes formelles, des préoccupations liées à la syntaxe. Et surtout, la poésie ne doit plus être assimilée uniquement à une production littéraire car elle est avant tout une façon d'être présent au monde par le biais d'une activité mentale touchant toutes les formes de vécu.

Les surréalistes poursuivent les expériences d’écriture automatique sur le modèle des Champs magnétiques de Breton et Soupault (1919).  Ils retranscrivent des récits de rêve, et portent un  intérêt à tout ce qui ne relève pas de la conscience claire et rationnelle.

Très vite, Desnos montre  des dispositions exceptionnelles dans la pratique des sommeils hypnotiques. Breton dit de lui qu’il « parle surréaliste à volonté. », qu’il fait « acte de surréalisme absolu » ajoutant même en parlant du surréalisme que « […] Desnos est son prophète ».

Quant à Aragon, il écrit ceci dans Une vague de rêves : « Au café, dans le bruit des voix, la pleine lumière, les coudoiements, Robert Desnos n’a qu’à fermer les yeux, et il parle ; et au milieu des bocks, des soucoupes, tout l’Océan s’écroule avec ses fracas prophétiques et ses vapeurs ornés de longues oriflammes. »


Pour les surréalistes, seule importe la charge émotionnelle qui se dégage du poème. « Les Espaces de sommeil », dicté par Desnos lors d'une séance de sommeil hypnotique, en est pour moi le plus bel exemple. L'émotion est superbement portée par l'interprétation d'Ismaël Billy, poète et auteur d'Efflorescences.

 

Les Espaces de sommeil

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme.

Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende et cachées dans les fourrés.

Il y a toi.

Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier.

Il y a toi.

Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l’aube.

Il y a toi.

Un air de piano, un éclat de voix.

Une porte claque. Une horloge.

Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.

Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.

Il y a toi l’immolée, toi que j’attends.

Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent.

Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus.

Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.

Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.

Et l’âme palpable de l’étendue.

Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d’il y a 2 000 ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.

Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.

Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.

Mais qui, présente dans mes rêves, t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître.

Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.

Toi qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu’à la réalité.

Toi qu’en dépit d’une rhétorique facile où le flot meurt sur les plages,

où la corneille vole dans des usines en ruine,

où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.

Toi qui es la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je te baise la main.

Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d’êtres.

Dans la nuit il y a les merveilles du monde.

Dans la nuit, il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil.

Dans la nuit il y a toi.

Dans le jour aussi.

Robert Desnos, « Les Espaces du sommeil », Corps et biens, 1930

 

 


 

Parce qu’il se définit comme une éthique avant d’être une esthétique, le surréalisme ne fut pas une institution stable. Dès 1925, s’est amorcée une seconde phase, centrée sur la nécessité d’une révolution sociale au-delà de la seule révolution du langage. Alors, le rôle de Desnos devient très vite secondaire : il développe son activité de journaliste dans le sillage d’Eugène Merle et défend des positions plus individualistes. En 1930, le Second Manifeste du surréalisme signe la rupture avec certains membres du groupe - dont Desnos -, avec lesquels les tensions sont devenues insurmontables.

Présenté dans sa Prière d’insérer comme le « chef-d’œuvre, au sens propre, de la poésie surréaliste »,  le recueil Corps et Biens (1930) fait le bilan poétique de cette période surréaliste au cours de laquelle Desnos a donné libre cours à tous ses fantasmes, s’adonnant à de multiples expérimentations verbales, des jeux de mots aux variations homonymiques dans « Rrose Sélavy », « L’Aumonyme », « Langage cuit ».

« De la fleur d’amour et des chevaux migrateurs », poème que je compte également parmi mes préférés, appartient à la section « Les Ténèbres » (VIII) de Corps et Biens : ce cycle mêle passion linguistique et passion amoureuse tout comme le cycle « A la mystérieuse » du même recueil.

 

« De la fleur d’amour et des chevaux migrateurs »


Il était dans la forêt une fleur immense qui risquait
de faire mourir d’amour tous les arbres
Tous les arbres l’aimaient
Les chênes vers minuit devenaient reptiles et rampaient jusqu’à sa tige
Les frênes et les peupliers se courbaient vers sa corolle
Les fougères jaunissaient dans sa terre.
Et telle elle était radieuse plus que l’amour nocturne de la mer et de la lune
Plus pâle que les grands volcans éteints de cet astre
Plus triste et nostalgique que le sable qui se dessèche
et se mouille au gré des flots
Je parle de la fleur de la forêt et non des tours
Je parle de la fleur de la forêt et non de mon amour
Et si telle trop pâle et nostalgique et adorable
aimée des arbres et des fougères
elle retient mon souffle sur les lèvres
c’est que nous sommes de même essence
Je l’ai rencontrée un jour
Je parle de la fleur et non des arbres
Dans la forêt frémissante où je passais
Salut papillon qui mourut dans sa corolle
Et toi fougère pourrissante mon cœur
Et vous mes yeux fougères presque charbon presque flamme presque flot
Je parle en vain de la fleur mais de moi
Les fougères ont jauni sur le sol devenu pareil à la lune
Semblable le temps précis à l’agonie perdue entre un bleuet
et une rose et encore une perle
Le ciel n’est pas si clos
Un homme surgit qui dit son nom devant lequel s’ouvrent
les portes un chrysanthème à la boutonnière
C’est de la fleur immobile que je parle
et non des ports de l’aventure et de la solitude
Les arbres un à un moururent autour de la fleur
Qui se nourrissait de leur mort pourrissante
Et c’est pourquoi la plaine devint semblable à la pulpe des fruits
Pourquoi les villes surgirent
Une rivière à mes pieds se love et reste à ma merci
ficelle de la salutation des images
Un cœur quelque part s’arrête de battre et la fleur se dresse
C’est la fleur dont l’odeur triomphe du temps
La fleur qui d’elle-même a révélé son existence aux plaines dénudées
pareilles à la lune à la mer
et à l’aride atmosphère des cœurs douloureux
Une pince de homard bien rouge reste à côté de la marmite
Le soleil projette l’ombre de la bougie et de la flamme
La fleur se dresse avec orgueil dans un ciel de fable
Vos ongles mes amies sont pareils à ses pétales et roses comme eux
La forêt murmurante en bas se déploie
Un cœur qui comme une source tarie
Il n’est plus temps il n’est plus temps d’aimer
vous qui passez sur la route
La fleur de la forêt dont je conte l’histoire est un chrysanthème
Les arbres sont morts les champs ont verdi les villes sont apparues
Les grands chevaux migrateurs piaffent dans leurs écuries lointaines
Bientôt les grands chevaux migrateurs partent
Les villes regardent passer leur troupeau dans les rues
dont le pavé résonne au choc de leurs sabots et parfois étincelle
Les champs sont bouleversés par cette cavalcade
Eux la queue traînant dans la poussière
et les naseaux fumants passent devant la fleur
Longtemps se prolongent leurs ombres
Mais que sont-ils devenus les chevaux migrateurs
dont la robe tachetée était un gage de détresse
Parfois on trouve un fossile étrange en creusant la terre
C’est un de leurs fers
La fleur qui les vit fleurit encore sans tache ni faiblesse
Les feuilles poussent au long de sa tige
Les fougères s’enflamment et se penchent aux fenêtres des maisons
Mais les arbres que sont-ils devenus
La fleur pourquoi fleurit-elle
Volcans ! ô volcans !
Le ciel s’écroule
Je pense à très loin au plus profond de moi
Les temps abolis sont pareils aux ongles brisés sur les portes closes
Quand dans les campagnes un paysan va mourir entouré
des fruits mûrs de l’arrière-saison du bruit du givre
qui se craquelle sur les vitres de l’ennui flétri fané
comme les bluets du gazon
Surgissent les chevaux migrateurs
Quand un voyageur s’égare dans les feux follets plus crevassés
que le front des vieillards et qu’il se couche dans le terrain mouvant
Surgissent les chevaux migrateurs
Quand une fille se couche nue au pied d’un bouleau et attend
Surgissent les chevaux migrateurs
Ils apparaissent dans un galop de flacons brisés et d’armoires grinçantes
Ils disparaissent dans un creux
Nulle selle n’a flétri leur échine et leur croupe luisante reflète le ciel
Ils passent éclaboussant les murs fraîchement recrépis
Et le givre craquant les fruits mûrs les fleurs effeuillées croupissante
le terrain mou des marécages qui se modèlent lentement
Voient passer les chevaux migrateurs
Les chevaux migrateurs
Les chevaux migrateurs
Les chevaux migrateurs
Les chevaux migrateurs

 

Robert Desnos, Cycle "Les Ténèbres", 1927 in Corps et Biens, Poésie/Gallimard, 1968

 

Belle lecture poétique !

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 23:58

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Hugo-FindeSatan2.jpg

 

Les pages indiquées dans cet article correspondent à l'édition Poésie/Gallimard, 1984

Préface de Jean Gaudon

 

Dans la préface de La Légende des siècles, Victor Hugo déclare qu’il a esquissé, dans la solitude, un poème « où se réverbère le problème unique, l’Être sous sa triple face : l’Humanité, le Mal, l’Infini. » Œuvre inachevée, publiée à titre posthume en 1886, La Fin de Satan est un long poème de 5700 vers, conçu comme un « grand fleuve narratif et dramatique » (J. Gaudon) , qui aborde, dans un style épique, les problématiques fondamentales de la religion, dont la lutte du bien contre le mal.


«  Depuis quatre mille ans il tombait dans l’abîme. »

Hors de la terre I - ET NOX FACTA EST


Dans La Fin de Satan, il est question du drame métaphysique de la chute de Lucifer, - qui devient alors Satan -, dans l’abîme dépeint par Hugo. Dans le même temps se joue le drame de l’humanité dans laquelle Satan répand le mal pour se venger de Dieu. « Je changerai la face universelle », s’écrie-t-il ! Tout se jouera à la fois « hors de la terre » et « sur terre », suivant le rythme ternaire Chute – Conversion – Rédemption, qui suggère que l’œuvre, dans sa facture même, comporterait déjà le processus de fin annoncé par le titre.


La présentation de la structure de l'oeuvre est suivie de l'analyse des trois mouvements qui régissent le drame métaphysique de Satan.

 

I. STRUCTURE DE L’ŒUVRE

 

Pour bien comprendre l’enchevêtrement des deux espaces et leur interdépendance, il est intéressant d’examiner la structure de La Fin de Satan. Le commentaire de chaque partie prend appui sur l’excellente préface de Jean Gaudon (édition Poésie/Gallimard 1984).

 

HORS DE LA TERRE I - L’œuvre s’ouvre sur « la chute du damné », qui a voulu égaler Dieu et qui se désespère de voir la nuit se faire progressivement autour de lui. Dès le début, Satan aspire à la lumière. Sa peur indique qu’il ne supportera pas aisément sa condition.

 

LA PREMIERE PAGE

I. L’entrée dans l’ombre : Dieu déclenche le déluge sur le monde soumis à Isis-Lilith, une créature satanique, qui favorise l’émergence du mal. N’ayant pas été repris par le Chaos, le monde survivra.

II. La sortie de l’ombre : Isis-Lilith, « l’âme du monde mort » détient les attributs du crime de Caïn : l’airain pour le glaive, le bois pour le gibet et la pierre pour la prison.

.

LIVRE PREMIER – LE GLAIVE (ou « épisode de Nemrod »)

Ce livre s’achève sur l’échec de la conquête du ciel par Nemrod, un géant qui avait déjà « conquis toute la terre » et qui peut être considéré comme le héraut de Satan. Une flèche qu’il avait lancée vers le ciel retombe ensanglantée – Le doute s'installe... « Avait-il blessé Dieu ? ». Nemrod est puni de mort pour son audace, mais le mal, lui, perdure.

 

HORS DE LA TERRE II – La plume de Satan

Ce superbe poème évoque la métamorphose de la plume de Lucifer, qui deviendra , "des profondeurs du Verbe", l’archange Liberté.

 

LIVRE DEUXIEME – LE GIBET

Le livre deuxième, composé de trois parties, n’est autre que le récit de la crucifixion. Hugo y reprend les personnages canoniques des Evangiles et propose une réflexion sur le mal et la notion de sacrifice.

I. La Judée

II. Jésus-Christ

III. Le Crucifix

 

HORS DE LA TERRE III – « Satan dans la nuit »

Il s’agit du monologue de Satan, interrompu par une « chanson des oiseaux » : en proie à la plus vive confusion, impuissant face à ce châtiment éternel, qu’il juge absurde et injuste, Satan oscille entre son amour pour Dieu et son désir de vengeance.

La genèse de ce poème est le maintien de la condamnation à mort par pendaison d’un assassin guernesiais nommé Tapner, et ce malgré la demande de grâce formulée par Victor Hugo dans sa « Lettre ouverte aux habitants de Guernesey » (10 janvier 1854). Dans le même temps, Hugo écrit un poème indépendant de 288 vers, intitulé « Satan », ossature du futur « Hors de la terre III. Satan dans la nuit ».

 

L’ANGE LIBERTE

Dieu autorise l’ange Liberté à descendre dans le gouffre auprès de Satan, désespéré. S'ensuit l'affrontement avec Isis-Lilith, venue annoncer à Satan l’anéantissement de toute espérance humaine. D’un mot, « Va », celui-ci autorise l’ange liberté à remonter sur terre pour libérer les hommes de cette malédiction.

 

II. LE DRAME METAPHYSIQUE DE SATAN EN TROIS MOUVEMENTS


Si l’on se concentre sur le drame métaphysique de Satan, trois mouvements peuvent être perçus.

  •  Premier mouvement : la chute et l’épisode de la plume

L’épisode de la plume, premier poème de la section « Hors de la terre II - La Plume de Satan » est l’un des passages phare, parmi les plus beaux de l’œuvre.

Lors de sa chute au fond du gouffre, une plume des ailes de l’archange est restée près des cieux.

«  La plume, seul débris qui restât des deux ailes

De l’archange englouti dans les nuits éternelles,

Etait toujours au bord du gouffre ténébreux. » (89)


Cette plume concentre tout l’héritage de Lucifer, le porteur de lumière (Lucifer vient du latin, « lux », lumière et « ferre », porter) : la lumière donc – « […] c’était de la clarté tombée » (89) et la force – « Cette plume faisait revivre l’envergure / De l’ange, colossale et hautaine figure ; […]» (89)

A partir de cette plume, Dieu crée un ange-femme, qu’il nomme Liberté. Elle permettra la rédemption de Satan (troisième mouvement).

« La plume tressaillit, brilla, vibra, grandit,

Prit une forme et fut vivante, et l’on eût dit

Un éblouissement qui devient une femme. 

Elle se souleva debout, et, se dressant,

Eclaira l’infini d’un sourire innocent. » (90)


Ainsi, dès la fin de Lucifer, la plume annonce sa rédemption future et, par voie de conséquence, la finitude de Satan, né de l’archange déchu. Avec elle, germe l’idée que les puissances maléfiques ne seraient pas éternelles... Le commandement de Dieu, « ne jetez pas ce qui n’est pas tombé !», renforce l’espoir tout en soulevant une problématique métaphysique selon laquelle le mal ne serait ni absolu, ni total, une part de bien persistant dans chaque être quelle que soit la faute commise, comme une part de Lucifer reste chez Satan, malgré son bannissement.

 

  • Deuxième mouvement : la conversion de Satan

Le repentir de Satan dans la nuit consiste non seulement en la reconnaissance de la supériorité de Dieu, mais surtout en l'acceptation par le damné de sa propre faute et de l’amour qu’il porte à Dieu, un amour qui est l’essence même de la souffrance exprimée dans « Hors de la terre III ». Ainsi, la progression de l’œuvre, du moins en ce qui concerne les sentiments de Satan envers Dieu, est marquée par le « Je l’aime ! », qu’il prononce dans sa longue plainte aux accents lyriques :

"Oh ! Je l'aime ! C'est là l'horreur, c'est là le feu !

Que vais-je devenir, abîmes ? J'aime Dieu !

Je suis damné !"

Monologue de la section « Hors de la terre III », I (188)

 

Satan aime Dieu malgré lui et cet amour est la cause de son tourment. La progression de sa souffrance annonce le processus final : l’ange déchu n’a pas été dépourvu d’âme au moment de sa chute dans le gouffre… L’expression de réactions humaines, notamment la souffrance physique et morale provoquée par l’absence de sommeil, indique qu’il admet son infériorité par rapport à ce Dieu, dont il se proclamait l’égal dans « Hors de la terre I », - affirmant alors par le désir de vengeance sa propre indépendance - et qu’il reconnaît désormais comme une entité absolue et éternelle. Sa souffrance est aussi l’écho du mal qu’il propage.

Si l'archange rebelle ne trouvait aucun réconfort dans son esprit de vengeance, une part de révolte demeure toutefois dans le constat que son amour pour Dieu ne l’absout pas et le maintient dans sa déchéance. Alors Satan en vient à une sorte de débat métaphysique, par le biais d’un syllogisme conçu comme la preuve que l’obstination de Dieu à l’éloigner de lui est vaine : s’il y a punition éternelle, alors l’amour n’est pas éternel et Dieu n’est pas infini ; or, si Dieu n’est pas infini, Dieu n’existe pas. Par conséquent, Satan doit obtenir le pardon de Dieu et être réintégré dans la lumière. La fin de Satan est donc devenue nécessaire-en-soi, c’est–à-dire nécessaire du strict point de vue de leur essence.

 

  • Troisième mouvement : l’action de l’ange Liberté

Liberté est fille de Satan et de Dieu puisqu’elle est née d’une plume de l’archange Lucifer, touchée par la lumière divine. Parallèlement, Dieu envoie aux hommes une parole d’amour par l’intermédiaire du Christ (Livre deuxième – Le Gibet).  Mais alors que cet acte d’amour devait amorcer le processus de régression du mal sur terre, il n’aboutit qu’au Gibet : l’esprit du mal inspire aux hommes le crime et la crucifixion. En réalité, tant que Satan sera dans le gouffre et malgré son repentir, le mal continuera de se propager sur terre, parmi les Hommes.

C'est pourquoi Liberté prend l'initiative et demande la permission de descendre dans les abîmes auprès de Satan afin de réengendrer Lucifer. Grâce à la médiation de l’Ange Liberté, ultime tentative de Dieu pour sauver l’humanité, Satan peut choisir définitivement entre le bien et le mal.

Avec l’ange Liberté, tout ce qui est de l’ordre de la nécessité est accompli : le sommeil de Satan, rendu possible par son approche, est révélateur de l’abandon progressif de sa part d’ombre et de l’imminence de la fin. Le sommeil symbolise d’ailleurs le passage d’un état à un autre, dans l’idée d’une renaissance ici.

Dans la dernière partie du poème ("L'ange Liberté" - VIII),  Liberté nourrit de ses paroles Satan qui symboliquement se meurt :

"Tandis que cette vierge adorable parlait,

Pareille au sein versant goutte à goutte le lait

A l'enfant nouveau-né qui dort, la bouche ouverte, [...]" (241)


Avant cela, lumière de Lucifer, elle a permis la dissolution d’Isis-Lilith, incarnation de la part ténébreuse de Satan. Toutes deux sont comme les faces opposées d'une même pièce, mais la disparition d'Isis est indispensable pour la renaissance de Lucifer.

"L'étoile aux feux divins, plus large à chaque instant,

Météore d'abord, puis comète et fournaise,

Fondait le monstre ainsi qu'un glaçon dans la braise.

Quand l'astre fut soleil, le spectre n'était plus." (235)

 

Pour que cela puisse advenir, il est également indispensable que Satan coopère librement à sa propre fin - et donc à son salut. L’ange Liberté ne pourrait délivrer l’humanité de la malédiction engendrée par Isis-Lilith, lutter contre la tyrannie, - notamment contre la Bastille, « symbole d’oppression et de régression », en 1789 (J. Gaudon) -  sans le « Va » de Satan, qui clôt le poème. C’est aussi la raison pour laquelle, la fin de Satan n’est pas consécutive à la parole divine, Dieu ne faisant que constater la mort du damné et le retour de Lucifer vers la lumière.

 

Belle lecture !

 

 

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 18:45

gaspar1.jpgLorand Gaspar est né en Transylvanie orientale, le 28 février 1925. Médecin et chirurgien, il reçoit en 1998 le Prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre, entièrement rédigée en français.

Voici deux poèmes extraits de son premier recueil Le Quatrième état de la matière, publié en 1966. Pour en savoir plus sur ce poète contemporain francophone, je vous conseille de lire le très bel article que Gil Pressnitzer lui a consacré sur le site Esprits Nomades (ici). J'aime tout particulièrement le recueil Egée, Judée suivi d'extraits de Feuilles d'observation et la Maison près de la mer (Poésie/Gallimard, 1993) pour la lumière qui émane des paysages décrits sous le regard émerveillé du poète.

Les deux poèmes suivants sont parmi mes préférés dans Sol absolu et autres textes. Je partage donc cette belle émotion qu'ils dégagent et qui me parle.

Egee-judee.jpg sol-absolu-le-quatrieme-etat-de-la-matiere-co.jpg

 

Iconostase

 

Lumière de loin.

 

Je voudrais t'insuffler la fraîcheur

capillaire par capillaire

que t'enfantent le glissement de l'air

et le resserrement

des papilles          te faire des mots verts

au matin des mots

que tu aies envie de toucher de broyer

t'écrire avec les ongles dans l'âge paresseux

des roches

dans les yeux -

te convaincre de la terre.

 

Lorand Gaspar, Sol absolu et autres textes, "Iconostase",

"Le Quatrième état de la matière","Connaissance de la lumière",

Poésie/Gallimard (page 51) 1982

 

Je te sens comme une flexion dans ma voix

où les poudres du soir viennent se poser.

La traversée sera longue disait l'ange

dans l'épaisseur de la pierre

 

Lorand Gaspar, Sol absolu et autres textes,

"Le Quatrième état de la matière", "Le Jardin des pierres",

Poésie/Gallimard, page 82

 

Belle soirée !

Heide

 

litterature-francophone-d-ailleurs-1 WOTCKMJU

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 09:13

Logo_viepoesie_rimbaud.jpg

 

Quand les poètes évoquent le bout du monde, ils nous y transportent.

Ce matin, j'ai choisi de rassembler deux poèmes que j'aime beaucoup, formant écho.

Le premier est un hommage à Pablo Neruda, de son vrai nom Neftali Ricardo Rayes, poète chilien, né le 12 juillet 1904 et mort le 23 septembre 1973. Hommage à ce grand poète donc, pour le soixantième anniversaire de sa mort. Il reçut le Prix Nobel de littérature en 1971, notamment pour Chant général (1950), une oeuvre vibrante, aux accents de révolte et de lutte politique.

Pour moi, les poèmes d'Ismaël Billy, hymne grandiose à la nature avec laquelle le poète est en osmose, entrent en résonnance, par l'écriture et la manière de saisir le monde, avec certains poèmes de la section XIV, "Le grand Océan" de Chant général. Dans sa forme courte, "Baïkal" fait écho à "Antarctique", selon mon ressenti. Le poème, inédit, a été écrit cet été, en Russie, sur les bords du lac Baïkal, merveilleuse source d'inspiration pour Ismaël Billy. J'aime l'atmosphère de "Baïkal" comme j'aime profondément les poèmes de son recueil Efflorescences que j'ai déjà présenté ici et dont je ne peux que vous recommander encore une fois la lecture.

 

IX

 

Antactique

 

Antarctique, couronne australe, grappe

de lampes gelées, cinéraire

de la glace détachée

de la peau terrestre, église brisée

par la pureté, nef précipitée

sur la cathédrale de la blancheur,

autel aux vitres fracassées,

tornade étoilée sur les murs

de la neige nocturne,

donne-moi tes deux seins qu'agitent

la solitude envahisseuse, le lit

de l'effroyable vent masqué

par toutes les corolles de l'hermine,

avec toutes les trompes du naufrage

et l'immersion blanche des mondes,

ou ta poitrine de paix que le froid

nettoie comme un pur rectangle de quartz,

et ce qui ne fut jamais respiré,

l'infini matériel transparent, l'air ouvert,

la solitude sans terre et sans pauvreté.

Royaume du midi le plus sévère,

harpe de glace, harpe qui susurre, immobile,

près des étoiles ennemies.

 

Toutes les mers sont ta mer circulaire.

 

Toutes les résistances océanes

ont concentré en toi leur transparence,

et le sel t'a couvert de ses châteaux,

la glace a bâti de hautes cités

sur une aiguille de cristal, le vent

a parcouru ton amer paroxysme

comme un tigre par la neige brûlé

Depuis la nef des glaciers, tes coupoles

ont mis au monde le danger,

et sur le désert de ton dos la vie est là

comme une vigne sous la mer, brûlant

sans se consumer, réservant

le feu pour le printemps

de la neige.

 

Pablo Neruda, Chant général, "Antarctique"(IX),

section XIV "Le Grand océan",

Poésie/Gallimard, page 449.

 

Baïkal

 

Mille bois dans les cimes

Et des ombles aux vagues,

Las, des jeunes dieux se retirent.

 

Des laques bleues électriques

Du lac, des glaces jouent une marche.

Déjà, craquent les marbres du lac,

Il fait si froid.

 

Ismaël Billy, "Baïkal", 2013

Ismaël Billy © Tous droits réservés

Source : L'Ivre de Lire (clic)

 

Je vous propose d'écouter la très belle mise en voix du texte par Gilles-Claude Thériault : il porte les mots du poète et nous transmet son émotion avec une grande générosité. 

 

 

 


 

Bon dimanche !

 

Heide

 

 

Mille bois dans les cimes

Et des ombles aux vagues,

Las, des jeunes dieux se retirent.

.

Des laques bleues électriques

Du lac, des glaces jouent une marche.

Déjà, craquent les marbres du lac,

.

Il fait si froid.

- See more at: http://www.livredelire.com/ismael-billy-un-jeune-poete/#sthash.sXmmK4Ke.dpuf

Mille bois dans les cimes

Et des ombles aux vagues,

Las, des jeunes dieux se retirent.

.

Des laques bleues électriques

Du lac, des glaces jouent une marche.

Déjà, craquent les marbres du lac,

.

Il fait si froid.

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Mille bois dans les cimes

Et des ombles aux vagues,

Las, des jeunes dieux se retirent.

.

Des laques bleues électriques

Du lac, des glaces jouent une marche.

Déjà, craquent les marbres du lac,

.

Il fait si froid.

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 22:25

Efflorescences_IsmaelBilly.jpg

Ismaël Billy, Efflorescences,

Les Editions du Menhir, février 2013.

Genre : poésie (recueil de 131 pages)

 

C’est un immense coup de cœur que je vous présente aujourd’hui. Et pourtant, c’est une tâche difficile… Car comment parler de ce qui nous touche dans un poème, à plus forte raison dans un recueil entier, sans trahir l’univers du poète, sans en affadir la beauté mystérieuse ? Heureusement, l’objet d’une émotion esthétique n’est pas la vérité, ce qui fait de la poésie un genre ouvert aux inspirations les plus diverses... Au moment d’écrire ce billet, je dois dire que cette pensée me rassure.


Efflorescences  est l’histoire d’un éveil progressif, au cours d’un voyage initiatique, qui se déploie sur trois livres : « D’amour à l’arrachée », « Des corps couchés sous d’autres lunes » et « Efflorescences ». Eveil des sens porté par la puissance érotique du poème liminaire « D’amour à l’arrachée ». Naissance et épanouissement du poète dans un poudroiement féérique d’images.  Eveil de mon émotion si belle et si intense tant sa résonnance avec le cœur de l’œuvre est profonde.


Né de l’amour d’un faune et d’une dryade, dans le chant sacré d’une forêt cathédrale, le poète au « souffle de cent ans » enracine son âme dans un corps-monde, l’acmé de la fusion des corps, l’aria de la mère nourricière, l’Alma mater, qui porte vie et mort en son sein. Tantôt murmure, tantôt cri,

« les vents enfantent, ivres

Des sons et des appels »

Dans « Nu et pâle, les bras sous la tête », l’un de mes poèmes préférés – mais il y en a tant d’autres ! Comment les citer tous ? -, le poète est jeté par la force incontrôlable de l’amour dans une quête éperdue, seule réponse à un bouleversant appel intérieur, polyphonique, à la fois méconnaissable et muet, pour être celui d’un songe. Il aura fallu que celle qui le rêve ouvre les yeux sur lui peut-être, qu’elle l’habille de son regard et le nomme d’un murmure pour que cesse la course dévastatrice et que renaisse le souvenir.


« Elle m’a rêvé les yeux ouverts, elle a dit mon nom.

Je suis devenu un nuage emmargé, j’ai plu des larmes

D’eau douce, d’aquarelle. Des larmes sans pareilles.

J’ai vu son visage.

Doucement, j’ai épelé ton nom. »


Parfois la violence des images, la mort, le sang, le bruit et le mouvement sont remplacés par un léger bruissement lyrique, douce prière incantatoire.


« Les ondées, les ondées ; les ondées m’inondent.

Alma mater, les pluies dans mon cœur. »

 (« Alma mater »)

 

« Les femmes, merveilleuses » sont au cœur de l’inspiration d’Ismaël Billy. Le recueil leur est dédié : de « la prophétique amante », à la femme-enfant, « reine soupirante », elle se fait tentatrice, à l’image des « Sirènes meurtrières ». Femme multiple.


« Sous ta sandale, à ton pied léger,

Je m’y ferai, comme un sanctuaire,

Une tanière, un gîte, un abri isolé,

Et je pleurerai les larmes de la mer. »

(« Castigat ridendo mores »)

 

Sur la peau du poète sont gravées les blessures invisibles des amours de jeunesse. « L’écorce tombe » - c’est le titre d’un très beau poème - lorsqu’a sonné l'heure d'apprivoiser le brasier inconnu. Douleur extatique. Dangereuse mise à nu...

«  Un monde explose dans une terreur

Extraordinaire. Et la vie s’égare. »

 

Quand la femme est une absence, les souvenirs affleurent, luminescente nostalgie, déployée dans une intensité magnifique :


« Et je t’ai tant souffert, ma belle dame à l’envi,

Ma profonde lumière, ma douce alanguie,

Attaché à tes lèvres, que j’y puisse mourir,

Si bref d’un seul instant, j’y puisse revenir…

(« A divinis »)

 

Les poèmes évoquent ainsi la naissance du désir amoureux et les premiers émois, le jeu des amants (« Une nuit ou un mois »), le désir inassouvi et les amours déçues, la rupture amoureuse…

« Plus qu’un pantin je suis encore à toi. » ("S’il en fut une")

 

« Mais aimer c’est être, être comme je le suis,

Être de tourments, de pleurs et de labeurs,

C’est vivre cent mille fois, la même mélodie,

L’éternelle sonate des airs d’entr’bonheur »  

("AΦΡОδιГη") 

 

J’aime le poème « Aux sables anciens « dont le lyrisme se déploie dans un souffle, hymne orphique, tragique et lumineux. La prière (« Les mots de l’aède ») et l’attente (« Qu’une ») apportent l’espoir, qui fait passer le poète du cri à l’abandon.

 

Le livre II, « Des corps couchés sous d’autres lunes », s’ouvre sur deux longs poèmes en prose, « Vampire » et « Le chevalier soudoyé ». Le poète voyage dans l’antichambre atemporelle et théâtralisée de son corps-monde, face opposée du rêve sylvestre. Il est nuit. Et l’on entend des voix de chœurs antiques. Polyphonique damnation. Sourde atmosphère des fers et cliquetis de l’enfer.


« Les os s’enfonceront, les épées bruniront, les fleurs excitées par le Sang » ("Quatuor").


Et l’on écoute Lucifer, ange déchu malheureux et blasphématoire, défiant son « petit Dieu ». « Une porte claque », « le froid tremble de sentir son souffle, le froid tremble de se sentir gelé, le froid tremble d’avoir foi » et la Mort rôde, emportant la mère et l’enfant.


 « La Mort est dans l’heure d’une horloge en attente.

Sa réparation non encore amorcée, la Mort voit dans le

Mécanisme, les rouages et les résonnances humaines.

 

Les intervalles se font plus longs, bientôt, le tic et le tac

Se rejoindront dans le néant. »

(« Florebo quocumque ferar », dernier poème du livre II)

 

Michel Cazenave qui a préfacé le recueil écrit : « Des efflorescences… oui, mais il faut les gagner ». Il faut être sorti indemne de ce qu’il voit comme « un voyage initiatique dans les tours et les détours de la poésie. » En effet, le livre III, « Efflorescences », est le plus grave parce qu’il pose un regard lucide sur l’Homme et sur les dérives de notre monde : individualisme, solitude, les cités-dortoirs de nos villes telles des visions éperdues de nos illusions perdues. « Les cycles, les guerres et les mêmes Hommes. » (« L’Homme couché ») « Le jour où nous aurons froid ». Et la fuite du temps…


« Quel âge ? A quel âge doit-on vieillir ? […]

N’entend-on qu’un cœur qui s’ensommeille ? »

(« Premier jour »)

 

Efflorescences  est une œuvre contemporaine importante et je remercie du fond du cœur son auteur, qui m’a offert cette magnifique lecture en me confiant son recueil. J’ai passionnément aimé mon immersion dans ses méandres poétiques. L’écriture tantôt sensuelle et enveloppante, tantôt  violente, m’a bouleversée, traversée de part en part, habitée. Et paradoxalement, il m’a fallu beaucoup de temps pour mettre en mots mon ressenti.

« Quelques fois dissonants, les mots sont une efflorescence. » écrit Ismaël Billy. Je crois que cette dissonance m’intimidait...

Si vous aimez la poésie, je ne peux que vous recommander de lire Efflorescences. Lumineuses efflorescences…

 

Ismael-Billy.jpgQuelques mots sur l’auteur :


Héritier d'une double culture franco-égyptienne, Ismaël BILLY est un poète et écrivain, né à Lyon en 1987. Ancien danseur classique, chanteur lyrique en formation, il est un artiste polymathe aux multiples nourritures esthétiques. (Source :  L’Ivre de Lire)

 

 

 

Une très belle mise en voix du poème "Nu et pâle, les bras sous la tête" :

 

 


 

Belle lecture !

 

Heide

 

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 18:40

Lettre plume logo2

 

Alors, comme promis ce soir, voici le premier recensement des billets et des participants au challenge :


Achille49 


 

Coccinelle


  Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates

Murakami Haruki, L'Eléphant s'évapore, "La Fenêtre" (nouvelle épistolaire)

 

Denis


Correspondance de Kawanata et Mishima (billet à venir)

Correspondance d'Henry Miller et Lawrence Durrell (billet à venir)


 

Fersenette


Daniel Glattauer, Quand souffle le vent du Nord (billet à venir)

 

Figaro

 

Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses (billet à venir)

Kressman Taylor, Inconnu à cette adresse (billet à venir)

 

Heide


Stefan Zweig, Lettre d'une inconnue

Daniel Glattauer, Quand souffle le vent du Nord

Correspondance de Juliette Drouet et Victor Hugo (billet à venir)

Hélène Gestern, Eux sur la photo (billet à venir)

Nicole Schneegans, La plus grande lettre du monde (billet à venir - LDJ)

 

Mina

 

 

Philisine Cave


Hélène Gestern, Eux sur la photo

Daniel Glattauer, Quand souffle le vent du Nord

Bergsveinn Birgisson, La Lettre à Helga

 

Pour plus d'informations sur le challenge, cliquez ici et pour les logos, c'est par .

 

Bon challenge à tous et très belles lectures épistolaires !

 

Heide

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 17:27

Un petit cadeau à ceux qui comme moi adorent Phil Collins, avec sa très belle interprétation de A Groovy kind of love (1988). La chanson a été écrite dans les années 60 par Toni Wine et Carol Bayer Sager. Le groupe britannique Les Mindbenders la reprennent avec succès en 1965. Chanson pop au départ, Phil Collins en fait une ballade pleine d'émotion. J'adore sa version live de 2004 (vidéo You tube).


Un peu de douceur, c'est essentiel le dimanche soir...

 

Groovy kind of love

 

When I'm feeling blue, all I have to do
Is take a look at you, then I'm not so blue
When you're close to me, I can feel your heart beat
I can hear you breathing near my ear
Wouldn't you agree, baby you and me got a groovy kind of love

Anytime you want to you can turn me onto
Anything you want to, anytime at all
When I kiss your lips, ooh I start to shiver
Can't control the quivering inside
Wouldn't you agree, baby you and me got a groovy kind of love, oh

When I'm feeling blue, all I have to do
Is take a look at you, then I'm not so blue
When I'm in your arms, nothing seems to matter
My whole world could shatter, I don't care
Wouldn't you agree, baby you and me got a groovy kind of love
We got a groovy kind of love
We got a groovy kind of love, oh
We got a groovy kind of love

 

Phil Collins, 1988

 

 

 


 


Bonne écoute et bonne soirée !

 

Heide

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21 septembre 2013 6 21 /09 /septembre /2013 23:18

Voici deux logos pour le challenge "En toutes lettres". J'espère qu'ils vous plairont.

Si vous pouvez évoquer le challenge sur vos blogs, c'est super ! Mais il n'y a aucune obligation, bien sûr. Le lien vers mon article de présentation : clic.

Une bibliographie est prévue, par contre, je n'ai pas proposé de catégories. En souhaitez-vous pour dynamiser le challenge ?

 

Lettre_plume_logo2.jpg

 

9125850-lettre-et-une-plume-dans-l-39-encrier.jpg

En attendant vos billets et vos liens (également pour les articles déjà publiés), je vous souhaite de belles futures lectures et un excellent challenge !

 

Bon week-end !

 

Heide

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Présentation

  • : Le blog de Heide
  • : Un tour d'horizon de mes lectures, contemporaines ou classiques. De la poésie, juste pour le plaisir des mots ... De la littérature de jeunesse, au fur et à mesure de mes découvertes. Un peu de cinéma et de la BD de temps à autre ... Bienvenue ... à fleur de mots!
  • Contact

livre-volant.jpg

 

 

A lire absolument ! Efflorescences IsmaëlBilly

  Toutes les critiques parues sur Efflorescences d'Ismaël Billy

sont recensées sur la page web de l'écrivain. (ICI)

 

 
 


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Mon rendez-vous philo

chouette-300x211 

Pour en savoir plus sur le rendez-vous hebdomadaire et la lecture thématique mensuelle, c'est ICI.
La communauté "Les Lundis philo"est créée, n'hésitez pas à vous y inscrire !

 

10e rendez-vous thématique :

Lundi 12 août 2013 (date décalée)

Thème : le temps

Anis ?

Coccinelle

Denis

Lee Rony

Sophie ?

Heide

 

9e rendez-vous thématique :

Lundi 1er juillet 2013

Thème : le philosophe Albert Camus 

Coccinelle (alias Catherine) : Albert Camus

Denis : L'Ordre libertaire. La Vie philosophique d'Albert Camus de Michel Onfray

Lee Rony : L'Ordre libertaire. La Vie philosophique d'Albert Camus de Michel Onfray

Heide : L'Ordre libertaire. La Vie philosophique d'Albert Camus de Michel Onfray

 

8e rendez-vous thématique :

Lundi 3 juin 2013

Thème : Au bout du monde 

Deux approches : le voyage

et/ou

Philosophes/Philosophie du bout du monde (Asie, Moyen-Orient, Amérique latine, Australie...)

Anis : Les femmes, la philosophie et le voyage

Catherine : Au bout du monde avec l'idée de Dieu dans la philosophie religieuse de la Chine (Léon de Rosny)

Denis : Montesquieu, Voyages, Arléa

Lee Rony : Au bout du monde

Heide : Montaigne et le voyage

 

7e rendez-vous thématique :

Lundi 6 mai 2013

Thème : Littérature et philosophie

(Lecture commune récréative : Martin et Hannah de Catherine Clément)

Catherine lance deux débats passionnants pour dépasser le clivage entre littérature et philosophie.

Denis sur  Le Monde de Sophie de Jostein Gaarder. A consulter aussi Hannah Arendt et Martin Heidegger de Elzbieta Ettinger (essai) : ici.

Lee Rony

Sophie sur Voltaire

Heide sur Martin et Hannah de Catherine Clément

 

6e rendez-vous thématique :

Lundi 1er avril 2013

Thème : La philosophie et le rire 

Catherine : Qui a écrit "Le rire est le propre de l'homme ?"

Denis  : autour d'une citation sur le rire philosophique. Candide de Voltaire (en attendant Bergson)

              Le Rire de Bergson

Lee Rony : Historique de la notion, façon Lee Rony.

Heide : Bergson, Le Rire, Essai sur la signification du comique

 

5e rendez-vous thématique :

Lundi 4 mars 2013

Thème : Femmes philosophes

Catherine : Cléobouline, l'une des premières femmes philosophes (Grèce antique)

Denis : Simone Weil, femme philosophe (1ère partie : sa vie et son oeuvre)

2e partie : La Pesanteur et la grâce (ICI)

Lee Rony signe un poème satirique "Femmes philosophes"

Heide : Hannah Arendt et la crise de la culture (1ère partie : présentation)

 

4e rendez-vous thématique :

Lundi 4 février 2013

Thème : Freud et la psychanalyse

Catherine : points communs et différences entre psychanalyse et philosophie

Denis : Le Malaise dans la culture de Sigmund Freud

Lee Rony  bientôt sur le divan avec cette lettre de son médecin traitant... Excellent ! 

Heide  : le fonctionnement de l'appareil psychique et L'Avenir d'une illusion


  3e rendez-vous thématique :

Lundi 7 janvier 2013

Thème : l'art, la beauté dans l'art

Catherine sur une citation de Platon

Denis sur Kandinsky, Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier

Lee Rony sur la question du point de vue, les rapports entre la distorsion des perceptions et la beauté artistique.

Heide sur un texte de Soseki Natsume, extrait d'Oreiller d'herbes, 1906


2e rendez-vous thématique :

Lundi 3 décembre 2012

Thème : la sagesse

Catherine : Oh non George ! Un album de Chris Haughton

Denis : ABC d'une sagesse par Svami Prajnanpad

Lee Rony : "Poésie lexicale"

Heide : Mathieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur

 

1er rendez-vous thématique :

Lundi 5 novembre 2012

Thème : le bonheur

Catherine : Le bonheur

Denis : Bruno Fabre, La Pyramide du bonheur

Lee Rony : Le bonheur

Heide : Le bonheur selon Marc-Aurèle

 

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Deux sites incontournables : l'Association Marguerite Duras, qui organise notamment les Rencontres Duras au printemps et Duras mon amour (site géré par des étudiants italiens)

J'y participe

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Challenge-Christian-Bobin

 

Challenge-Genevieve-Brisac-2013

 

 

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voisins-voisines-2013

  

Defi-PR1

 

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Ecoutonsunlivre

 

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Arsene

 

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