En octobre, j'ai relu avec intérêt L'Existentialisme est un humanisme de Sartre, un essai fondamental dont on retrouve l'écho dans un grand nombre de ses romans, dans ses pièces de théâtre aussi.
Deux citations incontournables
La première, "L'homme est condamné à être libre" signifie que sa liberté le rend entièrement responsable de ses choix. L'homme n'a à se soumettre à aucun "artisan supérieur", aucune nature préétablie. C'est notre dignité, notre humanité qui est en jeu et cette condamnation à être libre est le sens de l'existentialisme.
Ce courant philosophique affirme aussi que "l'existence précède l'essence", ce qui signifie que l'homme a pour tâche de se réaliser, de s'auto-déterminer. Or, pour Sartre, c'est dans les difficultés, au coeur de l'épreuve que nous faisons vraiment l'expérience de la liberté, l'obstacle fonctionnant non comme une entrave, mais comme un stimulant. Ainsi, a-t-il pu écrire dans La République du silence "jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande", libres d'exercer notre libre-arbitre, libres d'agir en pleine conscience de nos actes.
Aucune excuse pour éluder le poids terrible de notre liberté, sinon la mauvaise foi, sorte d'auto-tromperie explorée dans des oeuvres littéraires comme Huis-clos (1944) ou Les Mains sales (1948), deux pièces représentatives de la philosophie existentialiste.
Dans Huis-clos, "L'Enfer, c'est les autres"
Dans un salon Second Empire, trois morts, Garcin, Estelle et Inès, se trouvent réunis pour l’éternité, condamnés à ressasser leur passé dans une infernale promiscuité. L’un est un révolutionnaire lâche qui a été fusillé, l’autre une infanticide dont l’amant s’est tué, la troisième une lesbienne qui s’est suicidée au gaz. Parabole frappante pour l’esprit : chacun juge les deux autres, mais doit en retour supporter leur regard sans pouvoir changer quoi que ce soit à une vie désormais accomplie. De plus, aucun ne peut plus se sauver par un acte quelconque, la mort ayant mis fin à l’exercice de son libre-arbitre.
Huis-clos est une pièce que j'ai adorée et que je vous recommande vivement. D'ailleurs, la critique en a souvent fait le chef d'oeuvre dramaturgique de Sartre, du fait de sa densité et de son efficacité.
Belles lectures et bon voyage philosophiques !
Heide